Décarbonation : la filière agricole à la traîne

D’après la nouvelle étude de la collection Xerfi Green Business, une révision profonde du modèle agricole s'impose si la France souhaite atteindre son objectif carbone neutre à 2050. Cette réorientation périlleuse, puisqu’elle bouscule nos habitudes alimentaires, recèle d’immenses opportunités d’affaires pour toute une filière : agritech, coopératives, agrochimistes, semenciers… Tous sont d’ailleurs engagés à différents degrés dans la transition écologique des agriculteurs.

Selon nos experts, malgré de notables avancées, la filière agricole peine à suivre le rythme pour atteindre ses objectifs. Les pistes explorées jusqu’ici pour décarboner s’avèrent insuffisantes. Se repose alors la délicate question d’une réduction plus massive du cheptel bovin, source principale des émissions de méthane en France, alors que l’équilibre financier des exploitants est déjà précaire.

Dans ce contexte, quelles solutions de décarbonation répondent à la fois aux enjeux économiques et écologiques du monde agricole ? Quels acteurs peuvent s’imposer comme des partenaires clés ? Et quelles opportunités offre la transition carbone à la filière agricole ? En réponse à ces problématiques, les experts de Xerfi ont analysé les solutions s’offrant à la filière agricole pour réduire son empreinte carbone. À travers de nombreuses études de cas, cinq grands leviers de décarbonation se dessinent :

• Le premier met l’accent sur l’optimisation de la gestion du bétail et des terres cultivées, comme en témoignent le logiciel de gestion des troupeaux iCownect ou Wanaka, entreprise proposant des outils d’aide à la décision pour le pilotage de la fertilisation azotée et des semis.
• Deuxième axe étudié, l’optimisation de la consommation énergétique, à l’instar de Sun’R, acteur pionnier de l’agrivoltaïsme récemment racheté par Eiffage.
• Le développement de puits de carbone agricoles constitue le troisième axe. La filière est en effet capable de capter du carbone atmosphérique tout en réduisant ses émissions de CO2. Un challenge qui passe par une série de techniques, allant du semis direct sous couvert, à l’agroforesterie, en passant par l’implantation de haies et de prairies.
• Quatrième axe analysé dans l’étude, l’accélération de la recherche agronomique. L’on assiste ainsi à l’émergence de nouvelles solutions agricoles telles que celles développées par Yara ou Borealis qui commercialisent les premiers engrais décarbonés, ou bien DSM, qui propose un additif alimentaire permettant de réduire les émissions de méthane des ruminants. Citons également le développement de nouveaux laboratoires comme celui du groupe Limagrain dédié à la recherche variétale.
• Enfin, dernier axe de décarbonation évoqué dans l’étude, l’optimisation de la logistique agricole. Des pratiques plus durables permettent en effet une gestion plus efficace des flux de matières et des approvisionnements, du personnel et des équipements…