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Non, pas de crise financière en vue : la démonstration

Publié le lundi 3 juin 2019 . 5 min. 03

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De droite ou de gauche, libéraux ou keynésiens, orthodoxes ou hétérodoxes, rarement une même idée aura autant fait consensus : une nouvelle crise financière est imminente. Livres, articles, vidéos, rapports de think tank, etc., tous les supports sont mobilisés pour nous prévenir de la crise qui vient. Le raisonnement est simple : la crise de 2007-2008 était due à un excès d’endettement. Or selon les données de la Banque des règlements internationaux, les crédits aux agents non financiers (Etats, entreprises et ménages) atteignaient à la fin 2018 178 mille milliards de dollars, en hausse de plus de 80 % par rapport à la fin 2006. Si la dette crée la crise, encore plus de dette finira dans encore plus de crise, CQFD. Sauf que ce n’est pas si simple.

Il est vrai qu’une analyse historique des grandes crises financières démontre que toutes les bulles financières ont été précédées d’une bulle de crédits : pour gagner beaucoup d’argent avec des paris spéculatifs, il faut miser gros, c’est-à-dire jouer avec l’argent des autres, c’est-à-dire s’endetter. En sommes-nous là ?

La progression du crédit devient inquiétante lorsqu’elle n’est pas justifiée par la dynamique de l’économie. Or, selon les analyses de la BRI qui tente de mesurer cet excès de crédit, à la fin 2018, pour la grande majorité des pays, la croissance du crédit se situe plutôt en-dessous qu’au-dessus de la tendance attendue : -12,4 % pour la zone euro, -15,1 % pour le Royaume-Uni, - 6,9 % pour les Etats-Unis.

Le crédit qui pose le plus de problème est moins celui octroyé aux entreprises ou aux particuliers que celui qui se dirige vers les acteurs de la finance : entre décembre 2002 et décembre 2008, l’endettement du secteur financier américain a progressé de 28 %, celui de la zone euro de 40 % et celui du Royaume-Uni de 74 %. Selon les données de l’Institute of International Finance, l’endettement du secteur financier a augmenté de 10 % au cours des dix dernières années.

Enfin, si un crédit croissant représente une condition nécessaire des dérapages financiers, c’est loin d’être une condition suffisante . Une bulle financière démarre par des innovations qu’une banque invente avant d’être copiée par les autres dans une course aux profits, alimentée par la bulle de crédits, tout ceci mettant plusieurs années à se mettre en place. Aujourd’hui, on ne voit pas exploser d’instrument de placement bizarre et opaque dont les volumes progresseraient fortement d’année en année.

A l’inverse, depuis la crise de 2007-2208, le volume du marché interbancaire, lieu de contagion important des crises, a été divisé par sept aux Etats-Unis et par huit en Europe. Le marché des produits financiers opaques et risqués, sur lequel les grandes banques sont des acteurs clés, a été de son côté divisé par près de quatre entre son pic de 2009 et 2018.

Enfin, la dette devient par définition un problème lorsque les débiteurs ne peuvent pas la rembourser. Or, les taux d’intérêt évoluent depuis plusieurs années à un niveau très bas.

C’est dû aux politiques de quantitative easing des banques centrales dont la fin se fait de manière très progressive puisque même si la Banque centrale européenne a arrêté en janvier 2019 d’acheter des titres de dettes publiques, elle va réinvestir pendant un long moment ce qu’elle touche en remboursements des dettes passées qu’elle a achetées. Elle a par ailleurs indiqué qu’elle ne commencerait à remonter, graduellement, ses taux d’intérêt qu’à partir de 2020. La banque centrale des Etats-Unis a suivi le même processus et face au ralentissement de l’économie mondiale et à la faiblesse persistante de l’inflation, laisse déjà entendre que 2019 pourrait être marquée par un nouveau mouvement de baisse des taux d’intérêt.

Il faut ajouter que, de manière plus structurelle, l’épargne mondiale disponible pour s’investir se trouve depuis plusieurs années à un niveau plus élevé que ce que les entreprises et les administrations publiques sont prêtes à investir, poussant le loyer de l’argent, les taux d’intérêt, à la baisse. D’ailleurs, du fait de cet excédent d’épargne mondiale, les taux d’intérêt étaient déjà orientés à la baisse avant l’intervention des banques centrales.

Dans son dernier livre intitulé Pouvons-nous éviter une autre crise financière ?, le professeur Steve Keen annonçait une crise financière en Australie et au Canada avant la fin 2017. Elles n’ont pas eu lieu. De son côté, le financier Georges Ugeux annonce qu’une crise de la dette mondiale « va déferler sur nos économies au plus tard à la fin de 2020 ».

Tous les risques de la finance n’ont pas disparu, loin de là. Il y aura, certainement, d’autres crises financières mondiales. Mais les arguments avancés jusqu’à présent par ceux qui nous l’annoncent pour bientôt peinent à convaincre.


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