De l'intelligence des données à l'expertise augmentée
Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
RESEARCH
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Les prévisions économiques de Xerfi 2012-2017 en vidéo sur Xerfi Canal.

Laurent Marty, directeur général de Xerfi

La France est fière de ses grands groupes. Elle les préfère trop souvent à ses PME et ses entreprises de taille intermédiaire qui ont été trop sacrifiées à la stratégie de grandeur. On est certes très fiers de nos 39 multinationales françaises qui figurent parmi les 500 premiers groupes mondiaux. 39 c’est mieux que l’Allemagne qui en compte 37. 39 c’est beaucoup mieux que le Royaume-Uni qui en place seulement 29. Ces groupes français sont présents dans quasiment tous les domaines : finance, industrie, matières premières, services, construction, distribution ou encore logistique. Ils se révèlent très compétitifs, et ils se déploient dans les pays émergents à forte croissance. Mais ils réduisent inexorablement en France leur base d’activité. On connaissait les délocalisations industrielles, pour trouver des coûts de productions plus faibles. C’est le cas du textile ou de l’électroménager. On connaissait également, les stratégies de localisation pour se rapprocher de ses nouveaux clients. C’est le cas par exemple de Lafarge ou de Saint-Gobain en Asie. Mais, on découvre désormais, stupéfaits, que les transferts de départements de R&D n’échappent pas à la logique de délocalisation. Je pense à l’annonce récente de PSA. Les délocalisations touchent aussi des centres de décisions. C’est le cas de Schneider Electric, qui va délocaliser une partie de sa direction générale en Chine. Ainsi, ce sont désormais des maillons stratégiques qui quittent le territoire. L’avenir de nos grands groupes est indubitablement sur les marchés émergents à forte croissance. Il faut se résoudre à ce qu’ils n’aient plus de rôle décisif pour stimuler notre territoire productif. 
Autre constat, la France ne manque pas non plus de toutes petites entreprises. Notre parc de TPE est quasiment aussi vaste que le parc allemand alors que notre économie est 20% moins puissante. Et contrairement à une idée répandue, les Français sont en tête des pays créateurs d’entreprises en Europe, aidés il est vrai par le statut d’auto-entrepreneur. Et c’est le paradoxe : la France ne manque pas d’entreprises… mais elle manque cruellement de vrais entrepreneurs. La France manque surtout d’entreprises de croissance, ces PME qui se transforment emploi après emploi en entreprises de taille intermédiaire, les fameuses ETI. La comparaison avec l’Allemagne est saisissante : plus de 57 000 entreprises de 50 à 5 000 salariés d’un côté réparties entre 47 000 PME et 10 400 ETI, contre 32 000 de notre côté réparties entre 28 000 PME et seulement 4 200 ETI. La France a des grands groupes et des micro-entreprises. La France a des start-up. Mais elle a du mal à fabriquer des entreprises de croissance. Un chiffre révélateur : quand une PME française accroît en moyenne ses effectifs d’à peine 15% en 4 ans, sa consœur américaine les a doublés ! 
Les causes de ce plafond de verre qui freine les PME dans leur développement sont nombreuses. Au centre, l’écrasement des marges. Des marges trop faibles. Sur ce graphique est représentée l’évolution du taux de marge pour l’ensemble des entreprises françaises. Vous noterez au passage que notre appareil statistique ne se soucie guère d’isoler les données statistiques propres aux PME ou ETI… mais est-ce vraiment un acte manqué ? Bref, sur ce graphique, vous observerez que le taux de marge est passé sous la barre des 29% en 2011. C’est le plus bas niveau observé depuis plus d’un quart de siècle. C’est aussi l’un des niveaux les plus bas en Europe. Les PME et ETI françaises pâtissent de leur positionnement moyen de gamme. Cela les rend très sensibles à la concurrence par les coûts et aux fluctuations de l’euro. Elles sont alors prises dans un cercle vicieux. Ne disposant pas d’un pouvoir de marché qui leur permettrait d’imposer leur prix, elles sacrifient leurs marges. Et avec des marges trop faibles, on fait moins d’innovation, moins d’investissements, moins d’exports et moins d’emplois. Pour faire court l’avenir est sacrifié. A l’échelle d’un pays, cela signifie une chose : le potentiel de croissance s’abaisse. Les marges sont sacrifiées. Mais ce n’est pas tout : 93% des PME françaises sont confrontées aujourd’hui à des retards de paiements. Des retards qui s’établissent à 68 jours. 68 jours c’est 10 jours de plus que la moyenne européenne. C’est le symptôme évident du type de relations existant entre les grands donneurs d’ordre et leurs fournisseurs. Des relations commerciales tendues bien loin de la culture coopérative qui prévaut en  Allemagne. Mais même en Italie, les relations sont moins conflictuelles. La force de l’Italie ce ne sont pas ses multinationales mais l’ensemble d’un réseau dense de PME et ETI qui entretiennent des relations beaucoup plus équilibrées. Autre trait, très français : les entreprises de croissance passent rapidement dans le giron de grands groupes. Chaque année, 15 % des PME de plus de 100 salariés sont absorbées par un groupe, souvent d’origine étrangère. Comme vous pouvez le voir sur ces exemples récents tous les secteurs sont concernés : les services informatiques (avec par exemple Business Objects), le transport de marchandises (avec Alloin) et les secteurs attractifs tel qu’Internet (avec Price Minister ou Meetic), jusqu’au très français Yoplait repris à 51% par l’Américain General Mills. Le financement, notamment bancaire, est également un obstacle majeur au développement de nos entreprises moyennes. Sur ce point, nous nous attendons pour 2012 à des conditions de financement extrêmement difficiles. Prises dans la spirale de la crise de la dette, les banques sont contraintes de renforcer leurs fonds propres et de limiter leurs risques. Elles vont, comme par le passé durcir leurs critères d’octroi de crédit aux PME. Le crédit va devenir plus rare. Le crédit va devenir plus cher. Ce qui est inquiétant à l’heure où beaucoup d’entreprises n’ont pas encore digéré la crise de 2008. Je souhaiterais aussi attirer votre attention sur deux autres points. Le premier : la fiscalité. Une fiscalité très défavorable à nos PME. Prenons le simple exemple de l’impôt sur les sociétés. Rapporté à l’excédent net d’exploitation, l’I.S. atteint 39,5% pour les PME, contre 18,6% pour les grandes entreprises. Pourquoi cet écart ? Tout simplement parce que les grands groupes disposent de nombreux leviers pour optimiser leur fiscalité (reports déficitaires, sociétés offshore, prix de transferts…). Deuxième point, le principe de franchissement des seuils de salariés. Cela conduit à une augmentation absurde des charges plus rapide que celle du chiffre d’affaires. On est ainsi confronté à cette bizarrerie française : plus une PME crée des emplois, plus le poids de la fiscalité et des charges sociales s’alourdit. Il faut insister sur cette aberration. Rendez-vous compte, une pénalité est infligée aux PME qui créent des emplois ! Mais il n’y a pas que l’Etat qui est responsable. Les patrons de PME, tout comme les ménages français, sont obsédés par la propriété immobilière. Par rapport aux Etats Unis, il y a deux fois plus de PME françaises qui possèdent leur immobilier professionnel. Un immobilier qui coute très cher. Ce choix limite la part accordée à l’investissement dans le capital productif de la société. Il constitue donc un frein à son développement. On l’a vu,  les causes du manque d’entreprises de croissance en France sont multiples. Or ce sont bien elles qui restent attachées à notre territoire. Ce sont elles qui conservent cette base territoriale pour se lancer sur les marchés extérieurs. Ce sont elles qui sont potentiellement créatrices d’emplois. Un simple exercice de calcul élémentaire résume notre situation. Par rapport à l’Allemagne il nous manque 4 000 ETI. Une ETI c’est au minimum 250 emplois. Il nous manque aussi près de 10 000 PME employant au bas mot 100 salariés. L’addition. C’est  2 millions d’emplois perdus. 2 millions d’emplois à rapprocher à nos 2,8 millions de chômeurs, le chiffre officiel de la catégorie. 

Télécharger l'intégralité des prévisions économiques 2012-2017 de Xerfi



x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :