Depuis le confinement et l’explosion du télétravail, des citadins rêvent de se mettre au vert dans des maisons individuelles. Mais peut-on vraiment parler d’un nouvel engouement pour les villes de second rang, les zones périurbaines ou rurales ?
L’exode hors des centres-villes : rien de neuf.
La période de reconstruction d’après-guerre des logements collectifs, puis la construction des grands ensembles ont laissé place dans les années 70 à l’étalement urbain. C’est l’essor de la maison Phoenix, des banlieues pavillonnaires, des zones commerciales, bref de la France des ronds-points et des Gilets jaunes. L’emploi ne se situe plus là où l’on vit et la voiture (ou le train) devient une seconde maison.
Les métropoles et villes régionales avaient déjà la cote.
Depuis 1984, pour leur résidence principale, les Français délaissent non seulement Paris, mais aussi les zones rurales au profit des unités urbaines autres que la capitale, aussi bien celles de plus de 100 000 habitants telles Lyon ou Bordeaux, que celles de moins de 100 000 habitants. Les plus grandes ont verdi leur politique urbaine et réduit la place de la voiture en ville pour les faire venir.
Résidences secondaires : un marché marginal.
Leur croissance est en ligne avec le marché immobilier. Leur poids est stable depuis 1984 à près de 10%. Mais ce chiffre cache un effet yo-yo avec une période d’accélération jusqu’en 1989, puis un ralentissement jusqu’en 2009, avant un nouvel essor. On en compte aujourd’hui 3,6 millions, dont 1,9 million de maisons. Au total, plus d'un million de résidences secondaires sont apparues depuis 1984.
La mobilité des Français ? Pas si simple.
On déménage plutôt lorsque survient un évènement familial (nouvel enfant, départ d’un adolescent, divorce). La richesse de la commune d’origine et de destination joue aussi : on a ainsi moins de chance de quitter une commune riche. L’âge des occupants apparaît crucial : les ménages les plus jeunes et les plus modestes sont les plus mobiles ; plus on avance dans l’âge, moins les déménagements sont fréquents. Il y a aussi des coûts à la mobilité : perte du réseau et des grands-parents pour garder les enfants, pertes de repères des enfants, contraintes d’une carrière professionnelle.
Alors, un exode post covid-19 ?
Certes, avec le confinement, les citadins ont rêvé d’espace et de verdure. Mais il y a loin du désir au passage à l’acte, sauf pour une minorité. Si bien des Français rêvent aujourd’hui de se mettre au vert, les contraintes économiques, familiales et professionnelles ainsi que la flambée du chômage les feront revenir à la réalité. Un exode urbain massif et un rebond des zones périurbaines post-Covid-19 est peu probable.
Publié le jeudi 18 juin 2020 . 6 min. 44
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de Philippe Gattet
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