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Un ministre des finances contre la finance : Silhouette

Publié le vendredi 29 mars 2019 . 4 min. 11

https://player.vimeo.com/video/316060502 Thibault-Lieurade-Un-ministre-des-finances-contre-la-finance-Silhouette-306345266.jpg picto
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Il n'est jamais bon d'avoir raison trop tôt, et encore moins contre tout le monde. C'est l'amère expérience vécue par Etienne de Silhouette, éphémère ministre des Finances du roi Louis XV, de mars à novembre 1759. Une figure totalement disparue de l'Histoire de France, et réhabilitée par le romancier Thierry Maugenest qui lui consacre une biographie très documentée.

Etienne de Silhouette, c'est le premier, en plein siècle des Lumières, à parvenir à faire en sorte que l'Ancien Régime accomplisse l'impensable : taxer la Noblesse et la Cour, qui jusqu'à présent pressurisaient un tiers état à la merci des Fermiers généraux, pour financer son train de vie, et notamment le jeu qui occupait une bonne partie des journées à la Cour.  Le projet de Silhouette était motivé à la fois par la détestation de l'oisiveté et la foi, de cet infatigable travailleur très pieux, ainsi que par son inquiétude quant aux inégalités grandissantes dans la France du 18e siècle qui généraient des révoltes populaires à des fréquences de plus en plus resserrées.

C'est d'ailleurs ce dernier point qui fera que le roi se pliera à son projet de taxation de l’aristocratie. Malheureusement pour lui, si l’action du ministre parvenait à redresser quelque peu les recettes d'un Etat français au bord de la banqueroute, les dépenses restaient de plus en plus grevées par la coûteuse guerre de 7 ans, conflit qui impliquait toutes les puissances de l'époque – Prusse et Royaume-Uni, Autriche-Hongrie, Russie -. Conflit qui pourrait être d'ailleurs considéré comme la toute première guerre mondiale, puisque le contrôle des territoires d'Amérique et d'Asie était en jeu.

Si Etienne de Silhouette est parvenu à convaincre du bien fondé de ses réformes fiscales, il n'a pas réussi à faire plier le roi sur la nécessité de signer la paix au plus vite. Lui qui avait passé une partie de ses jeunes années en Angleterre était mieux placé que personne pour juger de la supériorité de l'armée britannique, et en particulier de sa Marine. Il ne s'y est pas trompé : lorsque la Marine française lança en 1759 son débarquement sur la perfide Albion, la flotte n'avait pas dépassé la Bretagne que tous les navires étaient déjà coulés.

Alors forcément, après cette déroute, il fallait trouver des boucs émissaires et celui de la Cour était tout trouvé. Ce fut bien évidemment le vil Etienne de Silhouette, coupable de leur avoir fait les poches et sanctionné de la pire des manières de l'époque : pas l'écartèlement, ni l'empoisonnement, mais le ridicule. A savoir une campagne de textes, chansons et sonnets satiriques, orchestrée en plus haut lieu et destinée à tuer socialement une personnalité.

Pour ce qui est de Silhouette, cela a tellement bien marché que, pendant les années suivant son mandat, personne n'y osait même faire référence, alors que son successeur s'efforçait de restaurer aussitôt les privilèges fiscaux abolis par Silhouette. La suite, on la connaît : l'Angleterre asseyait sa domination sur le monde et trois décennies plus tard, la Révolution française éclatait.

Quant à Silouhette, disparition totale. Enfin, pas tout à fait, puisque son nom a donné le nom commun silhouette. En effet, les pantalons sans poche de l’époque sont rapidement devenus des « culottes à la Silhouette » (puisqu’il avait fait les poches de tout le monde). Puis le mot silhouette s’est mis à désigner quelque chose d’esquissé avant de prendre progressivement son sens actuel. Silhouette, c'est l'un des seuls antonomases (un nom propre qui devient un nom commun) de la langue française. Avec le mot poubelle que l’on doit à son inventeur Eugène. Sacrée ironie pour celui qui aura fini dans les poubelles de l'Histoire !


D'APRÈS LE LIVRE :

Étienne de Silhouette (1709-1767)

Étienne de Silhouette (1709-1767)

Auteur : Thierry Maugenest
Date de parution : 11/01/2018
Éditeur : La Découverte
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