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Les entreprises dites « hybrides », comme c’est typiquement le cas des banques coopératives, jonglent avec des logiques que l’on qualifie d’antagonistes, c’est-à-dire qu’elles doivent répondre à des exigences a priori contraires. Elles n’ont d’actionnaires, mais des sociétaires, où chaque voix compte autant qu'une autre. Et alors qu’elles sont porteuses de valeurs sociales fortes, elles doivent cependant répondre aussi aux impératifs du marché. Cette dualité apparente est résolue grâce à un principe puissant : la dialogique.

Les banques coopératives sont un exemple frappant de ces organisations hybrides dont l’identité est duale. Elles revendiquent un attachement profond à leurs clients, leurs collaborateurs et à leur environnement social. Elles prônent des valeurs de bien commun, de transparence et de responsabilité. Mais attention : tout n’est pas aussi simple qu'il n'y paraît. Si elles se disent engagées pour une société meilleure, la maximisation de la rentabilité reste pour elles un enjeu incontournable. Ce mariage entre solidarité et marché génère des tensions. Conflits internes, désalignement des parties prenantes, et légitimité mise à mal sont les risques qui menacent ces organisations.

C’est ici qu'intervient la notion de "dialogique", développée par Edgar Morin, en tant qu’outil de conciliation d’exigences contraires. Cette idée, simple et percutante, suggère que deux logiques opposées peuvent coexister sans se neutraliser. Une dualité assumée, où chacune des logiques apporte une force complémentaire à l’autre. Mais si les banques coopératives ont déjà démontré leur capacité à concilier leurs objectifs sociaux et économiques, elles se trouvent aujourd’hui face à un troisième défi : intégrer la dimension climatique.

Loin de se laisser submerger, ces organisations hybrides ont su développer des outils innovants pour gérer cette nouvelle complexité. Les tableaux de bord prospectifs par exemple, où la quête du profit n’est plus une finalité mais un moyen de mieux servir les sociétaires, illustrent bien cette approche. Autres exemples : les systèmes de rémunération collective ou la gestion des carrières sur le long terme. Plus récemment, la gestion du climat a fait émerger des outils comme les matrices de matérialité extra-financière, qui permettent d’intégrer l’environnement dans les priorités stratégiques.

Ces pratiques, classiques dans leur forme mais originales dans leur usage, ont permis de réduire les tensions entre les parties prenantes en créant des synergies. En décloisonnant les logiques sociales, économiques et environnementales, les banques coopératives ont réussi à créer des synergies là où d'autres organisations voient des conflits. Cette démarche s'inscrit dans leur ADN hybride : concilier sans compromis, à partir de pratiques managériales novatrices.

L’exemple des banques coopératives et de leur gestion dialogique pourrait bien être une source d’inspiration pour les entreprises privées et capitalistiques. Si elles parviennent à réconcilier des objectifs apparemment inconciliables, pourquoi pas les autres ? Intégrer la logique climatique aux impératifs économiques n’est pas un simple vœu pieux. C’est une urgence stratégique, qui pourrait, demain, devenir la norme.


Références :
Bénet, N., Deville, A., & Ventolini, S. (2023). When a financially oriented performance measurement system supports hybrid collective sensemaking: The case of a cooperative bank. The British Accounting Review, 101202.
Deville A., Mourey D., 2018, Concilier performance économique et projet socio-politique au sein des coopératives-Une gestion pour de nouveaux possibles. Revue Française de Gestion, 44(276), 63-83.
Deville, Aude, Eric Lamarque, and Géraldine Michel. Valeurs coopératives et nouvelles pratiques de gestion. Éditions EMS, 2020.
Morin, E. (1988). Le défi de la complexité. Chimères. Revue des schizoanalyses, 5(1), 1-18.


Publié le vendredi 15 novembre 2024 . 3 min. 29

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