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Dieu, le bonheur et l'économie

Publié le mercredi 7 décembre 2022 . 4 min. 35

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L’économie et la théologie ont a priori bien peu de chances de se croiser. D’un côté, les économistes ont souvent rejeté les critiques émises par les chrétiens à l’encontre de l’économie, leur reprochant une sorte de naïveté, si ce n’est un moralisme incapable de prendre en compte la complexité des mécanismes d’échange et de création de valeur. De l’autre, les économistes, souvent nimbés de la suffisance que prodigue la science, ou pis, la pseudo science, claironnent à qui veut l’entendre que leurs modèles mathématiques n’ont strictement rien à voir avec la morale. Il semble donc exister très peu d’intermédiation possible entre les deux domaines. C’est pourquoi il faut rendre grâce au livre de Mary Hirschfeld qui fonde les linéaments de ce que l’on peut appeler une théologie économique. Et permettez-moi de vous dire que, malgré toutes les barrières mentales que vous pourriez avoir, cet ouvrage est passionnant. Le choix de cette docteure en économie ET en théologien est de s’appuyer sur la doctrine de saint Thomas d’Aquin. Vous êtes bien évidemment en droit de vous demander en quoi un théologien du XIIIeme siècle, enivré de Beau, de Vrai et de Bien, ignorant du capitalisme, peut nous aider à comprendre l’économie contemporaine. Il faut partir du principe que l’idée centrale de l’économie est contre intuitive. Elle pourrait s’énoncer de la façon suivante : la meilleure façon de répandre la société matérielle est de permettre aux individus de poursuivre leur propre intérêt. En d’autres termes, la quête du profit pousse les individus à fournir des biens et services qui ont de la valeur pour les autres. Or, la théorie du choix rationnel censé décrire ou prédire le comportement de l’homo œconomicus se limite souvent à la prise en compte de la forme de raison que nous partageons avec les animaux. D’une part le modèle économique est à la peine pour intégrer l’incertitude, les erreurs cognitives ou le manque d’information, d’autre part il n’intègre que très partiellement les préoccupations éthiques. La doxa économique suppose un désir humain infini pour des biens finis. Or si l’on suppose avec Saint Thomas que le bonheur ultime de l’homme repose dans le bien infini qui est Dieu, le bonheur temporel ne peut concerner que la recherche de biens finis. Cela veut dire que tant l’impératif d’une croissance économique indéfinie que la maximisation constante des profits n’ont aucun sens ; cela signifie également qu’il n’est pas possible de séparer les considérations économiques et les considérations éthiques. Or, toute analyse des fins poursuivies (la quête du bonheur, la prospérité économique…) a d’inévitables conséquences sur la détermination des choix politiques et économiques. Pour saint Thomas, toute activité qui ne nous fait pas progresser vers les biens qui valent la peine d’être désirés est inefficace.


A quoi ressemblerait alors une économie humaine ? Les individus auraient une relation adéquate avec la richesse matérielle, les ordonnant à des biens plus élevés et plus pleinement humains. Saint Thomas ne remet en cause ni l’importance des biens matériels, ni la propriété privée qui est selon lui une institution utile. Les biens matériels sont le propre d‘une vie vertueuse qui exige un certain niveau de vie, tout en sachant qu’il nous faut refreiner notre désir des biens qui ne sont pas des biens ultimes, mais des biens instrumentaux. La nourriture, le logement et l’éducation sont nécessaires pour assurer ce bien ultime, ainsi que toutes les structures politiques et culturelles qui facilitent la liberté humaine. Mais les droits de propriété, l’argent et les marchés ne sont que des instruments qui doivent être ordonnés à l’épanouissement humain. C’est pourquoi, c’est une erreur culturelle que de traiter le PIB et le taux de croissance économique comme des biens ultimes. Et s’ils ne sont pas adaptés aux objectifs poursuivis, il faut sérieusement songer à les remplacer par d’autres. Le grand mérite de cette approche est d’intégrer l’analyse économique dans une analyse globale du bonheur. Car n’oublions pas que l’économie n’est pas la science de la rareté mais une technique destinée à nous aider à parvenir au bonheur.


Mary Hirschfeld, Thomas d’Aquin et le marché. Vers une économie humaine, Editions du cerf, 2022.


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