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Depuis quelques années, l’IA a pris le pouvoir. Pas forcément dans les faits, mais dans les récits. Elle est partout : dans les médias, les conseils d’administration, les plans stratégiques, les pitchs de start-up. Elle promet tout : productivité, créativité, personnalisation, rationalité. Et surtout, elle promet d’avance. Avant même d’agir, elle s’impose comme solution. Avant d’être éprouvée, elle est vendue comme inévitable. C’est cela, le bluff technologique appliqué à l’intelligence artificielle. Ce que le penseur Jacques Ellul avait déjà anticipé, dans Le Système technicien, c’est cette capacité qu’a la technique à se présenter comme autonome, inéluctable, désirable par nature. Elle ne s’explique pas, elle s’impose. On ne se demande plus si elle est souhaitable ou utile : on suppose qu’il faudra de toute façon s’y adapter. Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est l’apothéose de cette logique. Non plus une société avec des techniques, mais une société pilotée par le discours technicien lui-même. Or, ce discours est performatif : il fait exister la technologie avant même qu’elle ne fonctionne. Il suffit de dire « IA » pour que l’on vous écoute. Ce n’est plus la réalité qui commande le discours, c’est le discours qui surjoue la réalité. L’IA ne fait pas exception. Elle avance par son propre élan, selon sa propre logique, dans une dynamique d’auto-accélération où chaque avancée justifie la suivante. Ce que nous vivons avec l’IA n’est pas tant une révolution technique qu’un triomphe rhétorique. Il suffit de dire « IA » pour activer le réflexe pavlovien de la modernité. Les modèles sont encore incertains, biaisés, parfois absurdes ? Peu importe : le discours les a déjà sanctifiés. Ce qui compte, ce n’est pas ce que l’IA fait, mais ce qu’elle promet de faire. Et cette promesse fonctionne comme une suspension du jugement : puisqu’elle « va tout changer », alors à quoi bon questionner ? L’IA donne aux entreprises une impression de mouvement, de puissance, de vision. On « IA-tise » les outils, les équipes, les perspectives. L’innovation se confond avec l’intégration algorithmique. Le management, avec l’automatisation intelligente. Le progrès, avec la prédiction statistique. Mais au fond, que fait vraiment l’IA ? Elle classe, segmente, anticipe. Elle ne pense pas : elle calcule. Elle ne comprend pas : elle corrèle. Elle n’imagine pas : elle simule. Ce que nous appelons « intelligence » n’est qu’une puissance de traitement mais certainement pas une machine à penser. Ellul nous rappelle que ce qui est redoutable avec la technique, ce n’est pas sa puissance, mais son statut de vérité silencieuse. L’IA, dans ce registre, devient un oracle. Un système auquel on délègue non seulement des tâches, mais des décisions, des diagnostics, des jugements. Et peu à peu, on s’habitue à ne plus penser, puisqu’une machine pense « mieux que nous ». C’est là le vrai danger : la dépossession du discernement au nom de l’efficience. Il ne s’agit donc pas de rejeter l’IA en bloc, mais de rompre avec la fascination. De réintroduire du débat là où il n’y a plus que du consentement. Car le problème n’est pas que les machines pensent à notre place, mais que nous arrêtions de penser sous prétexte qu’elles sont là.

Publié le mercredi 25 juin 2025 . 3 min. 39

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