Executive Education : la guerre des talents est déclarée !

Longtemps réservé aux élites dirigeantes, le marché de l’Executive Education (ExEd) connaît une croissance impressionnante. Selon la récente étude de Xerfi sur "Le Marché de l’Executive Education à l’horizon 2027", il dépassera les 530 millions d’euros dès 2024, avec une progression de 7 % sur un an. Mais derrière cet essor apparent, de profondes mutations menacent la stabilité du secteur.

Un modèle sous pression

La formation des cadres n’échappe pas aux vents contraires de l’économie. Entre pressions budgétaires des entreprises, coupe dans les aides publiques, et explosion des tarifs, la clientèle française se raréfie. Les programmes les plus prestigieux peinent à attirer les cadres hexagonaux et se tournent désormais vers des publics américains, asiatiques et du Golfe. Un repositionnement stratégique… à haut risque.

Une course à la différenciation

Face à la multiplication des offres, les acteurs du marché doivent innover pour survivre. Certaines écoles misent sur des spécialisations régionales (comme Burgundy School of Business et son MBA vins et spiritueux), d’autres adaptent leurs formations initiales aux cadres en reconversion. La coopération avec les entreprises devient aussi une clé : HEC Paris s’allie à KPMG, l’ESSEC accompagne Grant Thornton, preuve que les universités d’entreprise ne sont plus des concurrentes mais des partenaires stratégiques.

L’IA, un game changer ?

L’intelligence artificielle générative révolutionne les méthodes pédagogiques. Adaptive learning, parcours ultra-personnalisés, simulation immersive, l’IA permet de modeler les formations en temps réel. Mais les établissements doivent investir massivement pour rester dans la course, au risque de se faire distancer par des plateformes innovantes et agiles.

L’offensive mondiale

L’Executive Education se globalise. Les écoles françaises l’ont compris et exportent leurs programmes à l’international. Audencia ouvre des MBA à Dakar et Fès, TBS rejoint le consortium OneMBA, tandis que d’autres intègrent des parcours immersifs en Asie, aux États-Unis ou en Afrique. Mais cette internationalisation pose une question cruciale : comment préserver l’ADN et l’excellence française face à une concurrence anglo-saxonne redoutable ?

La grande fracture

D’ici 2027, l’ExEd devra faire un choix : monter encore en gamme et se couper du marché local, ou repenser son modèle pour rester accessible aux cadres français. L’heure n’est plus à la complaisance. Entre mutation et marginalisation, l’Executive Education joue sa survie.