Un avis de gros temps s’annonce pour les groupes de la défense. Certes, les futurs programmes de coopération devraient en partie les préserver à condition d’en tirer le meilleur parti. Un nouvel élan a en effet été donné à la coopération européenne en matière d’armement avec le lancement effectif de la Coopération structurée permanente ou CSP puis, début 2019, du FEDEF ou Fonds européen de défense. Principale partisane de l’Europe de la défense, la France promeut activement ces initiatives et table d’ailleurs sur une hausse des programmes en coopération avec des partenaires européens sur la période 2019-2025.
Mais le marché évolue rapidement, en particulier sur le Vieux Continent où un nouveau paradigme se dessine selon l’étude Xerfi-Precepta :
• D’abord parce que les dépenses militaires des pays membres de l’UE s’accroissent pour atteindre 281 Md$ en 2018. Certes, c’est presque deux fois moins que les États-Unis, mais toujours plus que la Chine (à 250 Md$) et bien loin devant la Russie (à 61 Md$).
• En parallèle, le contexte politique s’est dégradé avec, entre autres, les restrictions américaines à l’exportation d’armes contenant des composants made in US ou encore les blocages allemands quant aux exportations d’armes vers l’Arabie saoudite. De fait, pour les groupes de défense français, le premier défi concerne l’exportabilité de leurs équipements.
• L’autre défi de taille concerne la gestion des dommages collatéraux liés au Brexit. Celui-ci pourrait bien venir compliquer le jeu concurrentiel en mettant dans une position délicate le Royaume-Uni dont le rôle est pourtant crucial dans les projets de défense européens. Si la France ne s’oppose pas à la participation des britanniques dans les futurs projets européens d’armement, celle-ci ne pourra être en revanche qu’exceptionnelle afin de ne pas ouvrir grand la porte à d’autres pays, en premier lieu aux États-Unis.
• Enfin, le dialogue avec les USA s’est récemment durci avec l’envoi en mai 2019 d’un courrier en forme d’ultimatum exigeant une révision des critères d’éligibilité au FEDEF, sous peine de graves détériorations des relations OTAN-UE et d’une fermeture du marché américain aux entreprises européennes d’armement.
Le retour du protectionnisme, sans oublier la concurrence internationale, doivent obliger les acteurs de la défense à renforcer leurs efforts d’innovation pour préserver leur avance technologique. Des leçons devront aussi être tirées des coopérations européennes passées pour s’assurer que les programmes complexes donnent satisfaction. L’importance de définir des leaders clairs pour simplifier la gouvernance des programmes en est une. Par ailleurs, les technologies numériques, dont le poids est grandissant dans les équipements militaires, constituent un front important pour la France. L’Hexagone dispose en effet de champions mondiaux dans nombre de domaines clés tels que la conception d’aéronefs, la vétronique ou le calcul intensif. Une situation qui pourrait positionner le pays en tant qu’État pivot pour assurer l’autonomie stratégique de l’Europe vis-à-vis des géants du numérique que sont aujourd’hui les États-Unis et la Chine. C’est même une impérieuse nécessité face à la politique « America’s First » de Donald Trump.
Publié le mercredi 11 septembre 2019 . 3 min. 43
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