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La haine de la littérature

Publié le mardi 8 septembre 2020 . 3 min. 49

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Une ministre, un chef d’entreprise ou un cadre plongé dans l’action quotidienne peuvent-ils se permettre de prendre encore le temps de lire des romans ? Soyons sérieux un instant, qui aujourd’hui, si l’on considère les réunions, le temps de transport, la consultation du portable et les vicissitudes de la vie personnelle, aurait encore assez d’énergie et d’attention pour s’intéresser à la vie littéraire ? Certes on se souvient de quelques grands chefs d’Etats qui ne faisaient pas mystère de leur appétence dans ce domaine, de Mitterrand entre autres, qui ne cessait de relire Le Rouge et le Noir alors qu’il n’est pas certain qu’il ait jamais eu le temps ni l’envie de jeter, ne serait-ce qu’un œil, sur les 110 propositions du programme commun.
Sauf que cette époque est révolue. Nous le savons par la voie officielle depuis qu’une ancienne Ministre de la culture et de la communication, au moment de l’attribution du Prix Nobel de littérature à Patrick Modiano en 2014, avouait benoîtement avoir cessé de lire depuis sa prise de fonction, faute de disponibilité, le genre de livres écrits par l’auteur de la Rue des boutiques obscures. Bref suite et fin de notre nation dite littéraire au regard des autres : la littérature serait finalement de toute éternité coupable, ici et ailleurs, car elle prend du temps et ne sert finalement à rien. Et ce sont celles et ceux qui ont un agenda bien rempli qui le disent en premier.


Mais l’idée que la littérature doit être combattue, parce qu’elle n’a pas de justification en dehors d’elle-même, et qu’elle est donc de ce fait à l’extérieur de tout ordre social, n’est peut-être pas si nouvelle ainsi que nous le fait remarquer William Marx, Professeur à Paris 8, dans son essai paru aux éditions de Minuit La haine de la littérature. Il y déploie les différents procès historiques, toujours les mêmes d’ailleurs, intentés à la littérature, qui structure l’ouvrage, au nom de l’autorité, de la vérité, de la moralité et enfin de la société.


L’antilittérature est en fait un composé de nombreux écrits littéraires qui ont tenté de démonétiser, d’amoindrir ou même de bannir la littérature et la poésie de l’école et des activités de loisirs mais aussi des sphères de pouvoir. On leur reproche tout : leur faiblesse par rapport aux forces de la science, leur caractère insensé, leur tendance, que les antilittérateurs abhorrent, à transgresser les règles en vigueur. La littérature n’est en effet jamais là où le pouvoir voudrait qu’elle soit, de sorte que l’écrivaine ou l’écrivain sont toujours à leurs yeux des personnages un peu suspects et somme toute peu recommandables.
Face aux managers et aux décideurs, pressés de toutes parts, il faudra pourtant encore défendre les belles-lettres. A sa manière, comme le montrait Bernard Maris dans son dernier essai, Houellebecq lui-même, le français le plus lu à l’étranger, est un économiste, peut-être pas comme les autres, mais un économiste quand même auquel n’échappe pas ce qui passe inaperçu aux yeux des professionnels de la profession. Et puis la littérature française, en général, est aussi un produit qui s’exporte mieux qu’aucun autre et qui participe de notre image à l’étranger : il faut rappeler que la France a en plus de Modiano 15 autres lauréats du Nobel. Record mondial.


Pour l’exprimer comme notre auteur enfin, «  les œuvres littéraires n’en continuent pas moins à parler avec autorité, à dire une vérité, à proposer des modèles éthiques, à exprimer la volonté et les opinions des individus et des peuples. Elles parlent du monde, des hommes, des dieux, de la politique, du cœur et des sentiments, des souvenirs et du futur, de ce qui n’eut et n’aura jamais lieu, de ce qui pourrait tout de même advenir. (…) Sans légitimité, sans méthode, sans façon » (p. 184-185). Et pour les plus pressés d’entre nous, précisons  que l’analyse littéraire est maintenant disponible h24  et 7 jours sur 7 sur internet. J’en veux pour preuve la récente leçon inaugurale de William Marx au Collège de France, où il vient toute juste d’entrer, et dont je ne peux m’empêcher de vous suggérer la lecture.


Réf.

La haine de la littérature, de William Marx, Les Editions de Minuit, 2015.


D'APRÈS LE LIVRE :

La haine de la littérature

La haine de la littérature

Auteur : William Marx
Date de parution : 08/10/2015
Éditeur : Les Éditions de Minuit
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