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En 1988, le philosophe et journaliste André Gorz anticipait sur la description de ce que David Graeber appelle les « bullshit jobs », en écrivant ceci: « Le travail a disparu parce que la vie s’est retirée de l’univers. Il n’y a plus personne ; seuls des nombres qui chassent des nombres en silence, indiscutables parce que insensibles, muets. À la fin de sa journée, l’opérateur se lève. De ce qu’il a fait il ne lui reste rien, aucun acquis matériel visible, mesurable : il n’a rien réalisé. Mais ce rien l’a épuisé ».


Trente ans plus tard on constate hélas que de nombreuses professions, en particulier celle de manager, est de plus en plus soumise au stress, à la fatigue et au burn-out. Il n’est pas interdit de penser que certaines formes traditionnelles de management méritent donc d’être enfin repensées. Qu’il faut certes oublier Taylor, comme je l’ai proposé dans une récente Critique de la condition managériale, en remettant les individus et leurs aspirations au centre des processus managériaux.


Or la sortie de l’ouvrage de Jean-Laurent Cassely « la revanche des premiers de la classe », doit être reçue comme une trouée, surprenante à plus d’un titre, faite à ces modèles du passé. Car de quoi s’agit-il ? D’une reprise en main de leur vie professionnelle, par une minorité de jeunes diplômes de l’enseignement supérieur qui choisissent de quitter la vie de bureau, qui ne leur convient pas, pour devenir néo-commerçants ou néo-manuels, ou les deux : pâtissiers, restaurateurs ambulants, fromagers, bouchers, fleuristes, cavistes, torréfacteurs. Refusant d’être les trotte-menus de la bureaucratisation ambiante, on aurait tort de considérer cette petite révolution comme anecdotique. On parle du reste très sérieusement d’Hipster economy qui fait se rejoindre une volonté d’entreprendre associée à de nouvelles façons de développer son activité, sur de nouvelles bases, qualité plutôt que la quantité, singularisme et goût de la rareté plutôt que commercialisme échevelé, ancrage local plutôt qu’expansion massive.


Ces premiers de la classe montrent le chemin à plus d’un titre : ils utilisent la technologie à leur avantage, avec le crowdfunding par exemple, ils créer de nouvelles valeurs, notamment urbaines, en les mettant au centre de leur activité, ils réinventent des métiers artisanaux déconsidérés en les faisant monter en gamme. Bref ils utilisent leurs compétences gestionnaires à des fins plus subjectives et souvent plus subtiles. Ils s’adaptent aussi à la nouvelle donne des services, à savoir la montée en puissance de l’intelligence artificielle, dont ils savent qu’elle banalise à terme une partie de leurs compétences techniques. Leur antidote : créer hic et nunc plutôt que par anticipation s’apitoyer sur leur sort.


On pourra bien sûr moquer ce phénomène postbobo où l’on s’enthousiasme benoîtement pour les métiers de bouche ou pour le renouveau de l’ébénisterie. Oh la belle cuisse, de poulet! oh le bel abat-jour ! Mais comme dit la formule, « quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt ». Car ce qui intéresse ces premiers de la classe, c’est moins le retour au produit en tant tel, que l’expérience vécue consistant à se reconnecter à soi-même et à autrui dans une relation plus directe, et souvent plus humaine avec le client final, comme en témoigne par exemple l’actrice Jennifer Dundas, créatrice des crèmes glacées Blue Marble. Echappant à des grilles d’évaluation qui freinaient leur motivation, ces bons élèves retrouvent de l’ardeur à la tâche. Et de l’affectio societatis.


Il se pourrait d’ailleurs que ces adeptes du freelance business, qui représentent moins de 20% des diplômés de l’enseignement supérieur, et ces expériences d’encapacitation qu’elles représentent, soient à terme suivis par de nombreux autres. Il s’agirait alors en effet d’une revanche comme la décrit Cassely, mais sans ressentiment, à l’égard du constat que faisait Gorz que nous pourrions tenter de réécrire ainsi :


« la vie a réapparu sur le lieu de production et nos attentes d’autonomie et de réflexivité ne sont pas déçues. Nos projets réussissent sans toutefois que le tableur Excel y prenne une part trop importante. Le travail abstrait s’est au fond substitué en travail réel et, comme par miracle, les professionnels de la procédure ont disparu. A la fin de la journée, malgré les difficultés flotte ici comme un parfum de revanche en effet ; celui d’une génération qui peu à peu réinvente son rapport au travail. »


D'APRÈS LE LIVRE :

La révolte des premiers de la classe

La révolte des premiers de la classe

Auteur : Jean-Laurent Cassely
Date de parution : 08/05/2017
Éditeur : Arkhé editions
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