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Que faire des cons ?

Publié le mercredi 18 septembre 2019 . 3 min. 54

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Peut-on imaginer un monde, notamment professionnel, d’où la bêtise aurait disparue ? Ce n’est pas ce que nous disent Alvesson et Spicer dans leur livre consacré à la bêtise fonctionnelle dont j’ai déjà eu l’occasion de parler sur ce plateau. Hélas plusieurs auteurs depuis n’ont fait que leur emboîter le pas : Marmion fait état d’une Psychologie de la connerie, Bégaudeau se charge de faire une Histoire, je cite, de ta bêtise enfin le spécialiste de Spinoza Maxime Roverre publie avec un certain succès un essai en forme de questionnement : que faire des cons ? Bref, qu’il s’agisse timidement de bêtise ou plus radicalement de connerie, il semblerait que nulle organisation n’y échappe et que le phénomène ne ferait que s’amplifier sous la forme de la suffisance, du crétinisme voire du fétichisme.


Ce qu’annonce Roverre dans son livre est donc pour le management un vrai sujet de préoccupation : il semblerait que nul projet ne puisse y échapper car ceux qu’il appelle joyeusement les cons, qui surabondent, veillent au grain. Pas moyen de faire sans eux, à moins nous dit l’auteur, d’être ou Dieu ou mort (p. 97). Pas moyen non plus d’échapper explique-t-il à la « connerie des structures », qui ne cesse de faire ou de défaire la société, (…) et qui la modèle en retour » (p. 120). On n’y échappe pas car c’est précisément ce qui définit cette forme d’inintelligence dont nous parle l’auteur : une volonté de rester tel que l’on est sans rien apprendre ce qui advient.


En tentant de répondre à la question qui donne son titre au livre, Roverre déploie également son propos à partir de trois éléments qui peuvent davantage surprendre:


-le premier consiste à rappeler à son lecteur, et à sa lectrice, que la connerie toujours « engage un rapport affectif » (p. 32) et que c’est ce qui fait qu’elle se gère si difficilement dans la vie sociale. Au fond on n’échappe jamais tout à fait à ce qu’on reproche à l’autre. « En ce sens, même si ça vous dégoûte, le con et vous, vous faites équipe » explique-t-il (p. 32). Discerner de la sottise chez un interlocuteur c’est être comme embarqué dans un récit dans lequel, en abominant celui qui en serait atteint, vous courrez le risque de devenir un sot vous-même. Une manière sans doute nécessaire au final de nous confronter à nos propres limites.


-le second élément résulte du premier : s’il s’agit d’un rapport affectif, alors cela veut dire qu’on a généralement tendance à recouvrir nos reproches de valeurs morales. S’adresser au con c’est toujours un peu vouloir lui faire la morale. Or, indique notre spinoziste, rien n’est pire que cela pour tenter de réduire l’écart qui vous sépare de celui que vous prenez pour un imbécile. Page 179, Roverre se fait pédagogue lorsqu’il écrit « qu’au lieu de défendre des valeurs, vous feriez mieux de développer des rapports, autrement dit à chercher à minimiser les malentendus ».


-enfin, il déplace ultimement la perspective en indiquant que la connerie est toujours à la fin des fins un «  événement qui se produit au cœur des relations humaines, et non des types d’humains qui se promènent de par le monde : c’est ce qu’on appelle la dimension interactionnelle de la connerie. » (p. 169). Il note justement que la montée en puissance des occasions de communiquer en société, via les médias sociaux entre autres, n’a eu de cesse d’augmenter les possibilités qu’ont les individus de ne pas se comprendre, en tout cas d’accroître les occasions de brouille et de méprise. Ainsi les cons ne sont plus des personnes mais simplement nous dit l’auteur «  des entités interactionnelles » (p. 189).


De cette analyse il me semble que la discipline du management doit en tirer quelques bénéfices. Le manager doit comprendre que personne n’est en mesure d’abolir la connerie mais que chacun peut contribuer à son amoindrissement en écoutant celles et ceux qui en souffrent. Il en va de nos capacités à travailler ensemble, dans un esprit coopératif, en essayant toujours de limiter nos divergences d’interprétation. Et ce en gardant à l’esprit que trois stratégies suggérées par l’auteur sont finalement possibles : « négocier avec ceux qui le peuvent, faire évoluer ceux qui se laissent faire, laisser être ceux qui s’y refusent » (p. 192).

Réf. Que faire des cons ? Pour ne pas en rester un soi-même, par Maxime Rovère. Flammarion, Paris, 2019.


D'APRÈS LE LIVRE :

Que faire des cons ? Pour ne pas en rester un soi-même

Que faire des cons ? Pour ne pas en rester un soi-même

Auteur : Maxime Rovere
Date de parution : 23/01/2019
Éditeur : Flammarion
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