Les produits dérivés sont des produits financiers dont l’objectif initial était de permettre à des entreprises de couvrir le risque lié aux fluctuations du cours d’un actif, par exemple une matière première ou une devise. Un produit dérivé est de fait un instrument financier dont la valeur dépend du cours d’un produit de référence, que l’on appelle le sous-jacent. Ces produits dérivés peuvent aujourd’hui porter sur tous types de sous-jacents : des actions, des obligations, des indices, des taux de change, des taux d’intérêt, des commodités. Mais cela peut aller jusqu’à du bétail, la météo sans parler du bitcoin.
Alors, à quoi servent vraiment les produits dérivés ? Prenons un exemple très simple. Une société a l’intention de produire un million de barils de pétrole sur l’année à venir, et ne pourra les vendre que dans un an, une fois la production totale achevée. Vous l’aurez compris, la compagnie est exposée aux variations du cours du pétrole. Si le prix du baril descend significativement par rapport au prix d’aujourd’hui, elle en sera affectée. Elle peut se couvrir contre un tel risque, en utilisant des produits dérivés.
Alors, comment fait-elle ? Elle peut par exemple fixer aujourd’hui son prix de vente dans un an. Cela se fait en utilisant des dérivés qu’on appelle des forwards ou futures. Dans ce cas, les recettes provenant de la vente de ce million de barils dans un an sont connues dès aujourd’hui. La compagnie sera ainsi protégée contre le risque d’une diminution du cours du pétrole. Notons que dans ce scénario, elle ne pourra en revanche pas bénéficier d’une hausse des prix du pétrole dans le futur, vu que le prix de vente dans un an aura déjà été fixé.
Elle peut également utiliser des options, qui sont des produits dérivés plus sophistiqués, mais surtout une alternative plus couteuse. Les options permettent en effet de fixer dès aujourd’hui un prix minimum de vente dans un an. Dans ce cas, l’entreprise sera protégée contre une baisse des prix du pétrole. Mais elle pourra aussi tirer parti d’une éventuelle hausse du cours dans un an.
Outre les forwards ou futures et les options, il existe une troisième catégorie majeure de produits dérivés, qu’on appelle les swaps. Les swaps impliquent l’échange de deux instruments financiers, comme des taux d’intérêts ou des taux de change, à une fréquence et pour une durée fixée à la signature du contrat. Reprenons notre exemple. Si la vente des barils de pétrole dans un an se fait en dollars, et que le producteur veut les convertir en euros, il peut, dès aujourd’hui, fixer son taux de conversion dollar/euro dans un an en utilisant un swap de taux de change et éliminer ainsi le risque lié aux variations futures de ce taux.
On a vu que ces produits dérivés sont utiles pour couvrir les risques liés à la variation d’un sous-jacent, et plus généralement d’un portefeuille d’actifs. Mais ils sont également utilisés dans d’autres contextes, comme la spéculation ou l’arbitrage. Les spéculateurs peuvent ainsi parier sur l’évolution future d’un cours via des produits dérivés. Par exemple lorsque le producteur de pétrole prend une position sur un forward pour se prémunir contre la baisse du pétrole, sa contrepartie peut typiquement être un spéculateur qui parie sur une hausse future du cours. Les arbitrageurs, eux, tirent profit d’éventuelles incohérences dans les prix des produits dérivés observés.
Il a régulièrement été reproché aux produits dérivés de faciliter des comportements spéculatifs qui pouvaient déstabiliser les marchés. Ce fut particulièrement le cas lors de la crise des subprimes en 2007-2008. Pour autant, les produits dérivés sont devenus incontournables pour permettre de fluidifier les marchés et faciliter les transactions face à un avenir incertain.
Publié le mercredi 23 mai 2018 . 3 min. 30
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