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Les leçons de House of Cards sur le pouvoir et le leadership

Publié le mardi 4 septembre 2018 . 4 min. 15

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« Les américains ne savent pas ce qu’il leur faut. Moi, si. Je sais ce dont ils ont besoin. » Celui qui s’exprime n’est pas Donald Trump mais Francis « Frank » Underwood, chef de la majorité démocrate, le chief whip comme on le dit aux Etats-Unis, qui entreprend dans la série House of Cards de réparer l’affront que lui ont fait ceux qui lui avait promis une place de choix au gouvernement. Et qui n’ont pas tenu promesse. Pour Emmanuel Taïeb, Professeur des Universités en Science politique à Sciences Po Lyon et Membre de l’Institut Universitaire de France, qui signe un livre consacré à cette série américaine au succès international, House of cards nous plonge dans un univers machiavelien où, dit-il, « seul compte le triomphe de quelques-uns, et où la destruction des autres est une option possible. » La série peut faire penser à un « refuge fictionnel » en effet dans une Amérique sujette aujourd’hui au trumpisme.


Mais une autre clé de lecture se fait jour, car l’on pourrait aussi voir dans cette grande série télé une longue et très précise définition du leadership selon les préceptes qu’Underwood nous décrit face caméra. Pour lui le leadership est un sport de combat : sa conception de l’exercice du pouvoir est guidée par un principe absolu de réussite individuelle, d’accès et de maintien au pouvoir. Principe de réussite individuelle lorsque l’on retrouve Francis en train de prier à l’Eglise et nous dire « I pray myself to myself », « je me prie moi-même pour moi-même ». Principe de maintien au pouvoir lorsque Francis n’hésitera pas à se débarrasser de journalistes ou de concurrents susceptibles de remettre en cause son ascension vers la mandature suprême. Un collaborateur est d’ailleurs toujours pour Francis un actif, une ressource, qui n’a de sens que si il ou elle peut lui être effectivement utile. « Est-ce que je crois en lui ? ». « That’s beside the point », la question n’est pas là ». Si haut-potentiels il y a, ils ne doivent être mis au service d’une « « éthique de la discussion » mais d’un management verticalisé qu’incarne tout aussi bien sa femme Claire avec qui il forme un couple fusionnel et troublant, lorsque celle-ci s’adresse à l’une de ses collaboratrice : « je dirige l’organisation. Vous travaillez pour elle. » Ici la subordination est sans limites.


En France un coach s’était cru bien inspiré de publier dans un magazine de management 23 leçons de vie en prenant appui sur les méthodes du héros de la série. Ce petit guide, toujours disponible en ligne, permettait par exemple de comprendre l’intérêt qu’il peut y avoir à se rapprocher du pouvoir, car comme l’indique Underwood : « Le pouvoir, c'est comme l'immobilier: ce qui compte avant tout, c'est la situation géographique. Plus on se rapproche du centre, plus notre bien prend de la valeur. » Ainsi de conseiller les managers de s’assoir au plus près du patron dans une réunion. Mais aussi de ne pas exciter l’appétit des requins, de ne jamais donner de justifications à ses propres actes, de s’entourer de seconds couteaux, de lancer de faux compliments avant de frapper vite et fort etc etc.. Mais il faut ici privilégier l’analyse de Taïeb qui nous met, nous les spectateurs de la série, face à nos ambiguïtés d’électeurs car c’est là la singulière transgression du show proposé par Netflix : que voulons-nous au juste lorsque nous élisons un individu, qu’il soit bon ou qu’il soit efficace ? Or force est de constater que les méthodes expéditives d’Underwood se révèlent en effet diablement efficaces. Voilà quelqu’un dont on peut dire qu’il est compétent, tout se passant comme si la série lui donnait finalement raison : « Les américains ne savent pas ce qu’il leur faut » Mais lui, si. Il sait ce dont ils ont besoin. Et le prix à payer c’est au fond la brutalité de son autoritarisme.


Au final, ce n’est pas un manuel de conduite efficace que cette série donne à voir, mais, pour l’ambivalent plaisir du spectateur, les risques d’un leadership livré à son ambition pure. Certes la permanence de l’amour-propre et la libido dominandi, la volonté de dominer, sont au coeur même de tout exercice du pouvoir comme l’ont remarqué de nombreux auteurs classiques, mais la question qui reste en suspens ici est celle de l’hubris, du leader qui n’exerce plus d’autorité à l’égard de lui-même. Au fond avec Underwood le nom de « Whip », W.H.I. P. n’est pas usurpé : il a longtemps désigné le valet, à cheval, qui règle la course de chiens à la chasse à courre.


D'APRÈS LE LIVRE :

House of Cards. Politique du crime

House of Cards. Politique du crime

Auteur : Emmanuel Taïeb
Date de parution : 14/02/2018
Éditeur : Presses Universitaires de France
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