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Rituels pour le boulot

Publié le mercredi 26 février 2020 . 6 min. 19

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Créativité, disruption, différenciation, adaptabilité, l’ère numérique n’a jamais poussé si haut l’idéal du renouveau permanent  dans le cadre d’organisations mouvantes, en évolution, révolution, permanente. Indéniablement, depuis l’essor de la digitalisation, le champ lexical appliqué aux caractéristiques bénéfiques pour une entreprise se situe aux antipodes de tout ce qui peut se rapprocher d’un aspect ritualisé. Les tâches répétitives sont désormais vouées à être automatisées par la grande faucheuse des algorithmes, et avec elles pléthore de métiers dits « routiniers ». Comme l’explique l’économiste Michel Volle, le cerveau d’œuvre remplace la main d’œuvre. Si la valorisation des compétences intellectuelles des salariés nécessite une révision du fonctionnement de l’entreprise, ce serait pourtant une très lourde erreur de renoncer à toute pratique répétitive, collective, non directement productive. C’est en tout cas ce qu’expliquent Kursat Ozenc et Margaret Hagan, les auteurs du livre « Rituels pour le boulot » (ed. Deboeck), qui en montrent le caractère vital, et fournissent d’utiles modes d’emploi pour la vie en entreprise.


Les rituels aident d’abord à imaginer d’autres façons de se comporter et de vivre, de changer ses règles et habitudes quotidiennes. On peut citer l’exemple de la chasse au trésor d’intégration. Au lieu d’aller présenter le nouveau collaborateur de bureau en bureau, celui-ci se verra remettre une carte, grâce à laquelle il devra trouver son chemin d’une étape à une autre. Chaque collaborateur croisé lui souhaite la bienvenue et lui donne un indice. A la fin, le nouveau collaborateur reçoit un cadeau de bienvenue. L’objectif étant de rendre cette première journée plus agréable, mémorable et de se sentir plus soutenu par ses collaborateurs. Il y a aussi l’exemple du « Trouve-nom » qui consiste à chercher ensemble un nom pour une équipe fraîchement constituée pour une durée déterminée, le temps d’une mission. Les rituels nous éloignent de la sorte de nos propres routines, permettant par là même aux individus de s’émanciper d’eux-mêmes et de se transcender. Ce n’est pas une découverte pour les philosophes ou les chercheurs. Selon l’anthropologue Clifford Geertz, lorsqu’on participe à un rituel, on parvient à passer du monde « réel » à un autre, plus idéal. Et pour le sociologue Emile Durkheim, qui a mené des recherches fondatrices sur le sujet, en étudiant les religions, les rituels qui s’articulent aux systèmes de croyances, les rendent concrètes et accessibles, constituant un pont vers l’abstraction et le champ des valeurs.


Les rituels offrent aussi des espaces à la fois rassurants et structurés pour élaborer de meilleures façons de vivre. Alors que les risques psycho-sociaux sont de plus en plus identifiés comme une souffrance caractéristique du travail contemporain, de récentes recherches ont aussi montré que certains rituels stabilisent les émotions et apaisent. Ils peuvent être des outils de gratification, trop absents dans l’entreprise. Un exemple cité par les auteurs est celui du « compost des choses à faire », un rituel qui permet de visualiser les progrès qu’on a fait dans sa liste de choses à faire : on écrit les choses qu’on doit faire sur des post-its, un par feuille. Lorsqu’on termine une tâche on déchire la note et on l’ajoute dans son récipient de compost. A mesure que la liste se transforme en compost, on voit le niveau des petits papiers s’élever, c’est la mesure concrète du travail abattu… C’est très gratifiant !


On peut également s’en servir pour souder les équipes car les rituels favorisent le sentiment d’appartenance en procurant une impression durable de connexion aux autres. Les auteurs du livre citent ici « les liens du couple », des rituels qui font naître une relation plus forte au sein d’un tandem. Une poignée de main secrète, un mantra, ou des petits cadeaux… Or, disent-ils, « il est démontré que faire travailler les gens en tandem est un moyen efficace d’accroître l’efficacité et les performances d’une équipe ». Une connexion utile pour être productif, mais également dans les cas où il faut gérer un échec. Les auteurs évoquent ainsi « la fête d’enterrement d’un échec ». Celle-ci sera organisée comme une veillée funèbre avec de quoi se sustenter. Les collaborateurs peuvent se servir de cet évènement pour comprendre ce qui s’est passé, en tirer des leçons. Quant aux dirigeants, ils peuvent en profiter pour renforcer les valeurs clés de l’organisation.


Les individus, même les plus créatifs, sont attirés enfin par les rôles et les comportements bien définis qu’offrent les rituels. Leur structure donne du sens et un sentiment de contrôle. Adaptés au monde de l’entreprise, ces rituels peuvent donc s’avérer utiles voire bénéfiques, à la fois pour les salariés qui les suivent, mais également, in fine, pour l’entreprise. Ils permettent également de réguler les performances et d’améliorer la concentration. Alors comment en faire bon usage ? Les auteurs avancent quelques exemples comme le « dessin quotidien » : il s’agit de laisser libre cours à sa créativité pendant une minute. Après quoi il sera plus facile de se concentrer et de se montrer plus inventif dans son travail. Ces petites recettes proposées par les auteurs peuvent sembler anecdotiques, pourtant, le philosophe Emmanuel Kant qui en avait bien compris les vertus, pour libérer sa créativité,  avait pour habitude de faire chaque jour la même promenade. Un rituel qui résonne avec l’exemple de « la réunion en marchant » évoquée dans l’ouvrage. En changeant de décor, et en évoluant côte à côte, les membres d’un groupe peuvent développer de nouvelles connexions et rendre la réunion plus inspirante.


Selon le psychologue social et chercheur en neurosciences à l’Université de Toronto Nick Hoson, cité par les auteurs du livre, « une communauté qui n’a pas de rituels ne peut réussir à long terme. Donc quand on pense au retour sur investissement et au résultat d’une entreprise, les rituels sont clairement une source de profits »… un actif intangible en d’autres termes, qui participe à la création de valeur.


Certes, le but premier des rituels est de contribuer à l’inclusion et au bien-être ensemble. Mais si ça rapporte aussi, après tout, tant mieux !


D'APRÈS LE LIVRE :

Rituels pour le boulot

Rituels pour le boulot

Auteur : Ozenc Kursat
Date de parution : 25/02/2020
Éditeur : De Boeck supérieur
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