Depuis plusieurs années, les organisations, et plus encore les entreprises sont soumises aux effets de la financiarisation. Résister à cette vague de fond peut se faire et passe parfois par une utilisation spécifique des outils de gestion.
Voyons le cas du ROI tel qu’il a été utilisé historique chez Saint-Gobain.
Dès le début du fonctionnement du groupe, on utilise le ROI. Mais la formule pose rapidement problème car il est difficile de définir les capitaux immobilisés. Trop de conventions y sont associées, notamment en ce qui concerne la valorisation des actifs nets qui apparaissent au dénominateur de ce type de ratio. Les managers maitrisent la décomposition du ROI en taux de marge et en taux de rotation de l’actif. Cela leur permet de calculer un standard par métier pour le taux de rotation de l’actif grâce à des retraitements nombreux visant à identifier l’actif économique. Cette pratique permet d’inscrire l’analyse de la rentabilité dans le long terme car l’un des éléments les plus sensibles du calcul est réalisé de manière ad hoc pour tenir compte de valeur de long terme.
En termes d’exigence aussi le long terme prévaut. La valeur que doit prendre le ROI est strictement définie dès les années 70. Un investissement rentable dégage un taux de 35%. A la première lecture, le taux peut paraître très élevé. Mais le soin pris pour définir les concepts montre qu’il s’agit d’un taux avant impôts (de 50% à l’époque), ce qui réduit la rentabilité attendue à 17,5%. Et encore cette rentabilité est-elle considérée comme élevée car elle doit permettre d’absorber des investissements nécessaires, voire obligatoire, en sécurité, en environnement… qui ne génèrent pas de profits.
Il en va de même pour le pilotage que permet ce ROI. Chez Saint-Gobain, on suit le ROI mensuel. C’est étonnant quand tant d’écrits ont expliqué qu’une telle pratique conduisait à des décisions de court terme, celles qui sont le propre de la financiarisation. Il faut creuser un peu pour comprendre les subtilités de la démarche. En fait c’est un ROI en moyenne mobile annuelle. Quand on poursuit l’investigation en faisant remarquer que le ROI, même sur une base annuelle est bien connu pour les manipulations qu’il permet, notamment ne jouant sur les investissements. La réponse fuse tout de suite.
« mais bien sûr » on s’assure que les investissements marqués dans le plan sont bien fait pour ne tenter les manipulations du ROI
Tout est dans le bien sûr. Si cela est clair pour les cadres de Saint-Gobain cela l’est notamment moins pour d’autres qui utilisent alors l’outil sans précaution.
Publié le jeudi 15 décembre 2016 . 0 min. 00
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de Nicolas Berland
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