L’intelligence artificielle n’est pas la première technologie à déclencher des espoirs démesurés.
Ni la première à provoquer une forme d’impatience collective.
Dans les années 1970, Roy Amara, prospectiviste au Stanford Research Institute, a formulé une loi devenue classique :
« Nous avons tendance à surestimer les effets d’une technologie à court terme et à les sous-estimer à long terme. »
C’est une loi sur notre perception, pas sur la technologie elle-même.
Toute innovation majeure passe en effet par un malentendu.
Internet : l’exemple parfait de la Loi d’Amara
Souvenons-nous des années 1995-2000.
Internet devait abolir les frontières, rendre tout gratuit, supprimer les intermédiaires et transformer instantanément l’économie.
Les discours étaient enthousiastes, les investissements massifs.
Mais dans les faits, peu de choses changeaient concrètement dans les entreprises.
Beaucoup d’acteurs ont été déçus, voire ruinés.
Il a fallu vingt ans pour que le numérique restructure profondément les chaînes de valeur, les modèles économiques, les comportements sociaux.
-> Ce n’est pas la promesse qui était fausse, c’est le calendrier.
IA : le même cycle, à une autre vitesse
Aujourd’hui, l’IA impressionne : elle écrit, résume, simule.
Les outils sont accessibles, les usages visibles, les effets immédiats.
Mais cela ne dit encore rien des véritables transformations à venir.
Car l’IA ne change pas seulement ce que l’on fait.
Elle reconfigure comment on décide, on apprend, on transmet.
Les mutations sont structurelles, mais elles avancent à bas bruit.
-> Ce que nous voyons n’est qu’un prélude.
Le piège : confondre adoption et transformation
L’erreur classique est de croire qu’une technologie est « décevante » parce que ses promesses ne se concrétisent pas immédiatement.
Mais les effets les plus profonds ne se mesurent pas en mois, ni même en années.
Ils passent par les institutions, les modèles mentaux, les compétences collectives.
L’IA ne bouleversera pas le monde du travail en 2025.
Mais elle pourrait bien en changer la logique d’ici 2040.
-> Le court terme trompe, le long terme transforme.
Une leçon pour les décideurs
La Loi d’Amara ne prédit pas l’avenir de l’IA.
Elle nous rappelle que pour ne pas être dépassés, il faut apprendre à penser dans le temps long.
Ni céder à l’euphorie, ni sombrer dans le scepticisme. C’est notre capacité d’anticipation qui fera la différence.
Publié le mercredi 09 avril 2025 . 2 min. 45
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