Ne pas succomber aux tentations des modes managériales

Adopter la dernière pratique à la mode constitue une tentation pour de nombreux managers.

Une telle démarche est pourtant loin d’être anodine.

En effet, il existe au moins quatre bonnes raisons de ne pas succomber à ces nouvelles tendances souvent présentées comme étant des recettes miracles.

Raison numéro 1 : Restez concentré sur vos objectifs

Succomber aux sirènes de la mode c’est - d’abord - prendre le risque de dilapider un temps précieux dans le déploiement d’une solution séduisante certes, mais qui ne répond que trop partiellement aux véritables enjeux de votre organisation.

Songez à votre liste des tâches trimestrielles.

A-t-elle réellement quelque chose à voir avec cette nouvelle pratique tant vantée sur les médias sociaux ?

Qu’il s’agisse de mettre en place des réunions en marchant, des espaces cosy de méditation ou encore des salles de luminothérapie…

Si les solutions en vogue ne correspondent pas à vos besoins, laissez-les passer.

Y compris, si elles sont promues par d’éminents experts.

Raison numéro 2 : Etre prisé par le marché ne constitue pas un gage de qualité

Certains théoriciens comme Christophe Midler dans « La logique de la mode managériale » ou encore Eric Abrahamson dans « Management Fashion » ont parfaitement décrit la mécanique qui conduit un ensemble d’acteurs à converger, en même temps, sur un même dispositif de gestion.

Cette union éphémère s’explique d’abord par des facteurs cosmétiques.

En effet, un professeur optera volontiers pour une solution didactique commode à enseigner, un manager pour une feuille de route prémâchée, un média pour une nouveauté créatrice d’audience.

Et tous, pour un dispositif validé par une institution de prestige.

En revanche, nulle étude scientifique ne permet de démontrer que la pratique élue par le marché, soit la plus efficace.

Une étude menée par deux chercheurs de Harvard a par exemple démontré que l’open space réduisait de 70% les échanges entre collaborateurs.

Or, il s’agissait pourtant, ici, d’une formule d’aménagement consensuelle massivement recommandée pour favoriser le relationnel.

Nombre d’exemples témoignent, en effet, que la popularité d’une pratique ne garantit aucunement sa qualité.

Raison numéro 3 : C’est vous qui détenez les clefs

Vous connaissez parfaitement votre organisation (ses contradictions, son histoire…), les ressources disponibles (temps, compétences…) et la latitude réelle dont vous disposez (culture d’entreprise, politique interne…)…

Alors, faites-vous confiance.

Intégrer de « but en blanc » une solution externe supposément capable de produire partout les mêmes effets, est un leurre.

Le succès des modes managériales repose, en effet, sur le principe que l’on peut réussir en imitant les meilleures entreprises.

Or, il n’y a pas de problème identique, tout simplement, parce toutes les entreprises, y compris les plus performantes, sont uniques.

Les stratégies qui fonctionnent - ou ont fonctionné - pour les unes, ne sont pas automatiquement vouées à fonctionner pour les autres, qui plus est sur un autre marché, et à une autre période.

La meilleure réponse ne peut, en effet, venir que d’un savant mélange d’inspirations et d’expériences adapté… à votre environnement.

Mais nullement d’une recette supposément miraculeuse qui, de toute façon, sera bientôt remise en cause.

Raison numéro 4 : Marquez votre différence

Un leader, c’est avant tout un homme ou une femme courageuse qui possède une vision personnelle et une capacité à engager les autres parties prenantes.

Il ne se contente pas de faire du copier-coller pour mener une stratégie indifférenciée, peu enthousiasmante et, à terme, moins performante.

Renforcer l’efficacité d’une organisation exige, plus que jamais, de se réinventer à chaque instant.

Or, privilégier une approche clef-en-main à une démarche personnelle est, sans doute, illusoire.

Les pratiques à la mode souffrent, en effet, d’un formalisme et d’une simplicité excessive.

Néanmoins, garder un œil avisé sur les nouvelles tendances, sans pour autant tomber dans un conformisme béat, aide à enrichir les pratiques en cours.

Une évaluation constante de vos actions – au regard de vos objectifs – est par ailleurs le meilleur moyen de juger de la valeur réelle des pratiques que vous choisirez de mobiliser.