Lean creation : accélérer le temps pour développer les start ups

La création d’entreprise est un moment de forte tension pour le créateur et son équipe. Il doit à la fois concevoir des produits et services, les commercialiser et créer l’entreprise cad faire les démarche administratives, l’organiser et assurer sa croissance et sa pérennité.

On parle souvent du capital risque comme d’un choix pour l’entrepreneur d’avoir plus de ressources pour pouvoir créer une entreprise à forte croissance. Le capital-risque apporte du capital mais aussi des réseaux et des compétences en termes de gestion. La contrepartie est une perte partielle de contrôle. Le capital-risque peut être vu comme une solution pour « acheter » du temps. On peut aussi imaginer des alternatives, notamment l’accélération du processus de création.

On a vu avec l’esprit 2.0 la commercialisation de produits en cours de développement. C’est le concept de produit à viabilité minimum qui rend compte de ce phénomène. Accélérer la mise sur le marché des produits n’est qu’une facette du problème. Il faut accélérer simultanément la création des produits et la création de l’entreprise. C’est la l’enjeu des accélérateurs, qu’ils soient publics ou privés.

Depuis le début des années 2010, les accélérateurs ont pour objectif d’accompagner les entrepreneurs pour créer rapidement leur entreprise. Dans une étude réalisée aux Etats Unis avec John Stayton sur les accélérateurs d’entreprise high tech, nous mettons en évidence trois mécanismes d’accélération.

• Le premier mécanisme est central puisqu’il s’agit de survie. L’accélérateur accompagne le créateur d’entreprise pour fixer les priorités. Durant la phase de création, tout est urgent et il est important de choisir les actions à conduire rapidement. Le type de marché joue aussi et un élément mérite d’être souligné. Pour certains marchés, le premier à proposer des produits ou services rafle la mise. On peut penser à Facebook ou Instagram ou LinkedIn. Quand on s’adresse à des marchés type « winner takes all », l’accélération de la mise sur le marché est essentielle pour la survie de l’entreprise.

• Le second mécanisme repose sur la mobilisation des réseaux à la fois pour renforcer l’équipe de direction, pour commercialiser les produits et services et pour apporter des ressources complémentaires à celles du chef d’entreprises. De manière très intéressante, les entrepreneurs qui ont déjà une expérience de création d’entreprise ont très peu recours aux accélérateurs. Il s’agit principalement des nouveaux créateurs d’entreprises qui ont besoin d’un accès direct à des réseaux complémentaires aux leurs. Il peut s’agir de réseaux à l’étranger, de réseaux commerciaux pour les entreprises créées par les chercheurs ou de réseaux scientifiques pour certains créateurs plus orientés vers le management.

• Enfin le troisième mécanisme permet un rattrapage, notamment en termes de légitimité ou de visibilité. Les entreprises nouvellement créées souffrent d’un manque de reconnaissance. L’accélérateur, en mobilisant un réseau d’entrepreneurs reconnus qui vont parler de l’entreprise et garantir sa compétence crée une légitimité auprès des marchés et des autres parties prenantes.

Les accélérateurs sont un mécanisme qui complète les dispositifs existants : pépinière d’entreprise, incubateur, capital-risque. C’est un mécanisme intéressant qui repose sur une logique complémentaire : plus que d’aider à l’acquisition de nouvelles ressources, les accélérateurs visent à réduire les ressources nécessaires pour les utiliser au mieux. On s’oriente ainsi vers la lean création.