Le vélo est devenu l’emblème parfait de la transition écologique urbaine. Pistes cyclables, subventions, campagnes de communication : tout pousse à le considérer comme la solution idéale pour une ville verte et durable.
Mais qui peut réellement se déplacer à vélo ? Certainement pas tout le monde. Et c’est là que le problème commence.
Un modèle de mobilité pensé pour les valides
Dans cette écologie du vélo, on oublie une chose essentielle : tout le monde ne peut pas pédaler.
Les personnes en situation de handicap, par exemple, n’ont tout simplement pas d’alternative. Comment fait-on quand on est en fauteuil roulant ? Quand on a une maladie invalidante ? Quand on ne peut pas physiquement pédaler ?
Les personnes âgées aussi sont oubliées. L’équilibre, la fatigue, les distances… Ce n’est tout simplement pas une option pour elles.
Les parents avec enfants, les travailleurs transportant du matériel, ceux qui ont des trajets longs ou complexes ne peuvent pas tous remplacer leur moyen de transport par un vélo cargo.
L’écologie urbaine actuelle repose sur une vision excluante, où la ville est pensée par et pour ceux qui peuvent physiquement s’adapter.
Des transports publics toujours sous-financés
Pendant qu’on investit des millions dans les infrastructures cyclables, les transports collectifs restent une galère pour ceux qui en ont le plus besoin.
Moins de 10% des stations de métro parisiennes sont accessibles aux fauteuils roulants.
Ascenseurs en panne, quais inaccessibles, signalétique défaillante… Faire un simple trajet devient un parcours du combattant.
Le manque de sécurité et de confort dans les bus et métros dissuade encore plus les personnes vulnérables d’utiliser ces moyens de transport pourtant essentiels.
Alors que ces transports sont la vraie clé d’une écologie inclusive, ils sont laissés en second plan. Pourquoi ? Parce que c’est moins visible qu’une piste cyclable bien colorée.
L’inaction politique face à l’accessibilité
La question de l’accessibilité urbaine n’est pas nouvelle, mais elle reste une priorité oubliée des décideurs.
Pourquoi aucun grand plan national d’accessibilité des transports n’a-t-il été mis en œuvre à grande échelle ? Pourquoi faut-il attendre des événements comme les JO 2024 pour que certaines améliorations soient enfin discutées ?
L’accessibilité reste traitée comme une contrainte budgétaire, alors qu’elle devrait être un impératif d’égalité et d’inclusion.
Ce qu’on aurait pu faire à la place
Plutôt que d’investir autant dans des infrastructures cyclables qui profitent avant tout aux jeunes actifs urbains, pourquoi ne pas avoir :
– Rendu toutes les stations de métro accessibles en dix ans ?
– Mis en place un plan massif d’adaptation des bus et tramways ?
– Développé des navettes adaptées aux quartiers mal desservis ?
La vraie transition écologique ne consiste pas à multiplier les vélos sur les avenues haussmanniennes, mais à garantir que chacun, valide ou non, puisse se déplacer dignement.
Une écologie de façade
Ce paradoxe illustre une fracture plus profonde. On parle d’inclusion, de justice sociale, mais les politiques publiques continuent d’exclure les plus vulnérables.
Le vélo est devenu un symbole d’engagement écologique, mais il reste l’arbre qui cache la forêt des inégalités urbaines.
Une ville réellement durable n’est pas celle qui se couvre de pistes cyclables, mais celle où chacun peut se déplacer librement, sans obstacle ni discrimination
Publié le vendredi 11 avril 2025 . 3 min. 42
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