Ces derniers temps je crois que le moment politico-médiatique est devenu non plus celui de l’éloquence mais du media porn … oui en effet du media porn exactement comme le food porn. Les actions médiatiques des politiques sont en effet très souvent aujourd’hui des représentations sous formes variés d’éléments provocants avec l’intention délibérée de provoquer une sorte de désir, d’émotion, voire d’excitation … on a appelé ca faire du buzz, attirer l’attention, occuper l’espace… je crois qu’il est temps de le nommer, comme on le doit… Média porn, voire politique porn.
Les images des politiques sur Instagram sont des images intimes parfois érotiques, sensuelles, toujours très souvent personnelles
Les mots eux sont souvent creux mais l’attention est captée. C’est ce qui compte. La traditionnelle éloquence s’en est allée et avec elle le raisonnement complexe de la chose politique.
Un drapeau vaut mille mots, une punch line mille démonstration.
C’est cette ère du média porn et du politique porn qui nous entoure, ce n’est pas du futur, c’est ici et maintenant :
Les photos d’Emmanuel Macron par sa photographe fétiche, des photos érotisées à n’en pas douter, les recettes de cuisine partagées par Sandrine Rousseau, les phrases-punch-line d’une Tondelier, les outrances calculées de Mélenchon, les mises en scène entre effroi et sécurité de Bruno Retailleau, les influenceuses gonflées à l’Helium de Delogu, les selfies charmeurs de Jordan Bardella…
C’est bien du Média porn ou du politique porn. Clairement.
Pourtant, le politique reste l’art de l’éloquence, de l’iconograhie qui dit une histoire avec un grand H.
Eloquence et iconographie qui sont supposés servir une démonstration, déplier un propos. Mais en face, nous spectateurs, somme nous encore capables d’écouter autre chose que des slogans ? des phrases toute faites, des éléments de langages ? car, « il se pourrait bien que les mots, et même pire encore les arguments soient devenus trop lents pour la vitesse du monde… » nous rappelle le philosophe Rosa. Sommes-nous en capacité de lire entièrement un article ? Pas si sûr puisque le media lui même nous rassure en nous indiquant le temps de lecture : 2 min, 6 min… ! Jamais + évidemment. Ingurgiter des infos, plutôt que déployer une analyse.
Le monde du porn est aussi, c’est vrai, celui de la vitesse-consommation et La vitesse se dit, se prononce sans cesse.
Entendons nos mots :
« Scoop », « chaine d’info », « breaking news », « dead line », « burn out », « stress », « réactivité », « multi-task », « ASAP », « tweet », « Speed-dating », « Fast-food », « 5 G », « obsolescence », « start-up », « TGV », jusqu’au fameux « il me faut ça pour hier ! ». Notre vocabulaire est une consommation il est un scrool tautologique que l’anglais autorise + encore.
L’économie de l’attention est au cœur de cette pornographie politico-médiatique… personne n’a de temps, donc frapper fort, se démarquer est l’essentiel… et bien sûr, dans les débats médiatiques, le jeu ultime est de priver l’autre de son temps de parole… en le coupant, en déroulant des mots creux, mais juste, juste pour garder la parole, la caméra sur soi… et gagner quelques précieuses secondes…
Sauf en campagne officielle, ce jeu est devenu une fin en soi, une vraie compétition…
Car le porn, ne l’oublions pas, est toujours bien sûr très compétitif.
Publié le mercredi 27 novembre 2024 . 3 min. 52
Les dernières vidéos
Idées, débats
Les dernières vidéos
de Virginie Martin
LES + RÉCENTES
LES INCONTOURNABLES