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Plus bio, plus écologiques, les agriculteurs français sont encouragés depuis des années par les gouvernements successifs à monter en gamme. Un impératif, la clé de leur réussite et le moyen de restaurer la compétitivité de la « Ferme France ». Bilan, c’est une impasse. Les revenus agricoles ne suivent pas et la valeur ajoutée en euros constants de l’agriculture qui progressait sur une base annuelle moyenne de 2,5% dans les années 80 et 90, stagne depuis 20 ans et a même décroché par rapport au reste de l’économie.


Une souveraineté alimentaire menacée


Autre symptôme que cela ne tourne pas rond dans le monde agricole français, la place de l’Hexagone sur l’échiquier mondial recule au fur et à mesure que ses parts de marché à l’export fondent pour finalement se situer en 9e position au classement des pays exportateurs. Ce qui inquiète, ce n’est pas tant que la France ne soit plus une puissance agricole, elle le reste encore, mais c’est qu’elle le soit de moins en moins et qu’elle soit engagée sur une pente déclinante, menaçant sa souveraineté alimentaire.
Déjà, plus de 20% de l’assiette des Français est importée. Très concrètement, plus de la moitié de la viande ovine consommée vient de l’extérieur de nos frontières (principalement des pays anglo-saxons), 35% de la viande de volaille, 27% de la viande porcine et 22% de la viande bovine. La situation est également alarmante dans d’autres filières. La France importe ainsi 41% de sa consommation de fruits frais tempérés, la palme revenant aux produits de la pêche et de l’aquaculture.


La dépendance aux importations en oléoprotéagineux notamment pour l’alimentation animale riche en protéine, comme les tourteaux de soja, est également très forte. Certes, cette tendance s’inscrit dans l’évolution plus globale de l’internationalisation des filières, c’est-à-dire d’un accroissement de la part de la production mondiale qui est exportée ou importée pour satisfaire le décalage croissant entre bassins de production et de consommation. Mais il ne faut pas se voiler la face, l’agriculture française cède du terrain et devient de plus en plus dépendante des importations. Quant au retour des excédents agricoles, ils sont simplement le fait du boum de la filière céréalière à la suite de l’envolée des cours. Hors céréales, le déficit ne cesse de se creuser et atteindra même un niveau record fin 2022.


La préférence des consommateurs pour les petits prix


Plus que les circuits de distribution (que ce soit les grandes surfaces alimentaires ou les magasins de proximité), cette pénétration des produits étrangers est largement le fait de la restauration hors foyer et de l’industrie agroalimentaire. Plus de la moitié de la viande bovine consommée en restauration est importée, 75% des poulets standards et de 20 à 30% des produits laitiers. Or, la consommation hors domicile représente environ un tiers du budget alimentaire des ménages et 15 millions de Français prennent chaque jour au moins un repas à l’extérieur.


Quant aux IAA, deux exemples suffisent à démontrer les difficultés de passer des produits bruts aux produits transformés à plus forte valeur ajoutée. Alors que la France est le premier exportateur mondial de pommes de terre et dégage un confortable excédent de 591 millions d’euros, elle est déficitaire de 322 millions d’euros pour les produits transformés à base de pomme de terre hors fécule. Idem, le solde est positif de 300 millions d’euros environ pour les pommes, mais négatif pour le jus de pomme de 85 millions d’euros.


Si les produits importés sont choisis par le consommateur, par les acheteurs de la restauration ou les industriels de l’agro-alimentaire, c’est d’abord en raison d’un prix plus faible. La hausse du poids des importations depuis le début des années 2000 dans la consommation française est le reflet d’une attention très forte portée sur le critère prix, d’autant plus dans un contexte de vives pressions sur le pouvoir d’achat.


Les difficultés de la filière bio à écouler sa production le démontre avec finalement en bout de course des situations de surproduction dans des filières comme les œufs, le porc ou le lait. Selon les experts, 30% du lait bio produit en 2021 a été déclassé et mélangé avec du lait conventionnel avec comme résultat un magnifique effet ciseau : le producteur se retrouve rémunéré aux prix du conventionnel sans le rendement qui va avec, mais avec les coûts de l’agriculture biologique.


Le risque à terme de la montée en gamme, c’est bien celui de se retrouver avec une consommation schématiquement coupée en deux avec d’un côté une minorité, qui peut se payer les produits français et, de l’autre, une majorité, plus modeste, qui se tournera vers des petits prix majoritairement importés. Avec comme conséquences un affaiblissement de notre potentiel productif agricole, mais aussi des industries agroalimentaire qui lui sont liées, une perte de souveraineté alimentaire, mais également de contrôles sur les pratiques et les normes.


Tout axer sur le premium, c’est oublier le cœur de gamme et perdre des opportunités de marché. Une erreur stratégique, puisqu’in fine, notre compétitivité agricole en sort perdante.


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