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Tous les signaux convergent. Et tous indiquent un changement de cap de l'économie mondiale. Certes, la Chine a affiché un PIB en hausse de 9,7% au 1er trimestre. Mais il ne faut pas borner l'analyse à ce chiffre brut. Sa composition est bien plus éclairante. Loin des discours officiels, la composition du PIB chinois montre que la consommation ne prend pas le relais des dépenses d'équipement. Pire : son poids dans la formation du PIB s'allège et pourrait même tomber sous la barre des 35%. C'est 20 points de moins qu'au début des années quatre-vingt-dix ! C'est donc une fois de plus l'investissement étatique qui tire la croissance. A coup de dépenses en infrastructures, pas toujours très utiles, l'investissement reste le fer de lance de l'activité chinoise. Ce volontarisme aura obligatoirement ses limites. Et le ralentissement de la croissance risque d'être plus difficile à masquer au second semestre. Pour la Chine, l'inflation n'est officiellement pas non plus un problème. A 5,3% en avril, la hausse des prix est soutenable face à une croissance à près de deux chiffres. Mais l'inflation est certainement sous-estimée. L'empressement du gouvernement à revaloriser les salaires est à cet égard révélateur. Principal but de cette hausse des salaires : éviter un décrochage trop brutal du pouvoir d'achat et ses conséquences sociales. Une fois encore cette année, le salaire minimum chinois augmentera donc de 20% en moyenne. Mais ce ne sera pas forcément suffisant pour calmer les revendications des travailleurs chinois. Pour les importateurs occidentaux de produits made in China, l'addition commence à sérieusement s'alourdir. Tous signalent d'ailleurs un embrasement général de leurs coûts d'approvisionnement. C'est pour les importateurs occidentaux un véritable casse tête. Car la flambée des prix a gagné la plupart des émergents. Parmi les autres pays d'Asie confrontés à l'inflation, citons le Vietnam. Ce concurrent direct de la Chine a vu son inflation exploser depuis août 2010 pour atteindre 17,5% en avril dernier. C'est beaucoup trop, notamment par rapport à l'objectif de 7% fixé par le gouvernement. C'est d'ailleurs bien pourquoi les autorités monétaires du Vietnam ont remonté les taux directeurs à plusieurs reprises. Mais ce n'est pas tout ! Pour préserver la compétitivité des entreprises locales, le dong a été dévalué 6 fois depuis juin 200. Du côté des pays développés, de nombreux clignotants sont passés du vert à l'orange. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les chiffres du 1er trimestre ne soulèvent pas l'enthousiasme. De l'autre côté de l'Atlantique d'abord, la croissance du PIB (+0,4%) a déçu. En clair, si la croissance américaine est bien là, elle est trop faible pour réduire rapidement le chômage. Cela va dans le sens de la Fed et rien ne l'incite à resserrer sa politique monétaire à court terme. De l'autre côté de la Manche ensuite, le PIB est en hausse de 0,5%. C'est bien, mais pas suffisant pour effacer la chute du trimestre précédent liée à la vague de froid. A l'évidence, le bon résultat du début d'année est une simple correction. En tendance, depuis 6 mois, l'activité britannique est au point mort. Une caractéristique partagée par de nombreux pays d'Europe du Sud. En fait, seuls les pays d'Europe du Nord, Allemagne en tête, les plus directement branchés sur le commerce international, parviennent encore à maintenir une trajectoire de croissance forte. Mais attention. La prochaine décélération des émergents entrainera mécaniquement la leur. Ce n'est qu'une question de temps. Et la France ? Il y a toujours des raisons d'espérer. D'abord, l'érosion de la compétitivité des émergents va ralentir les délocalisations. Ensuite, les Français vont rester en France à cause des révolutions et des attentats dans le sud de la Méditerranée. Sans oublier la hausse des prix dans le transport aérien. Certains concessionnaires voient même dans ces évolutions un soutien inattendu à un marché automobile défaillant. La montée de l'euro peut aussi avoir certains avantages. Elle rend plus supportable le niveau élevé des matières premières et des produits importés. C'est ce qui explique d'ailleurs pourquoi l'inflation n'a que légèrement franchi la barre des 2% en France, pour l'instant. Une barre allégrement franchie par les Etats-Unis qui se rapproche à vitesse grand V du cap des 3%. Mais ne nous y trompons pas, le second semestre sera difficile et la recherche effrénée de signaux positifs n'évitera pas le ralentissement de l'économie. Oui, les industriels sont optimistes. Mais leur optimisme s'apparente de plus en plus à une bulle d'euphorie en partie déconnectée de la réalité. Une réalité plus dure. Les trésoriers des grandes entreprises ne disent pas autre chose à la lecture de leurs trésoreries, rapidement passées de confortables à juste normales en avril dernier. C'est bien ce que confirme notre indicateur, Xerfi Risk, qui mesure le risque de défaillance. Un indicateur en hausse depuis plus d'un trimestre. C'est le même message teinté de doutes qui est envoyé par les ménages. Enquête après enquête, ils font part de leurs inquiétudes, voire de leur déprime. Certes, le 1er trimestre s'est bien passé. 1% de croissance. Mais 1% de croissance qui tombe à 0,3 % sans les stocks. Et 1% de croissance avec un déficit du commerce extérieur record. Que faut-il en passer ? Selon notre scénario, nous entrons maintenant dans une phase de croissance molle. Cela ne sera suffisant ni pour effacer rapidement les stigmates de la récession, ni pour faire reculer radicalement le nombre de chômeurs.


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