Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études Xerfi
C’est la rechute pour les entreprises françaises. L'indicateur Xerfi-Risk, qui mesure le risque de défaillances de l’ensemble des entreprises, s’est retourné. Depuis septembre, il remonte. Avec une note de 64, il flirte dangereusement fin 2011 avec son plus haut niveau d’avril 2010, pic historique de la série. Pourtant, les dernières statistiques avaient été accueillies avec un certain soulagement. Dans l’industrie, la production se redresse de nouveau après le passage à vide de l’été. En novembre, la progression a été de 1,3%, pour la partie manufacturière. L’activité commerciale semble aussi avoir fini l’année sur une note positive avec un chiffre d’affaires en hausse de 0,2% en volume. De son côté, la construction reste sur une bonne cadence avec 406 mille logements mis en chantier sur les 12 derniers mois. Quant aux 525 mille permis de construire en réserve, ils permettent d’anticiper l’avenir avec une certaine sérénité. Comment expliquer ce paradoxe entre d’un côté une inquiétude grandissante sur l’état de santé de nos entreprises et de l’autre un zeste de croissance ? Le principal élément de réponse est le niveau et l’évolution des taux de marge de nos entreprises. Le constat a le mérite d’être limpide. Les taux de marge des entreprises françaises sont plus faibles que dans les autres pays avancés. Pire encore : avec la crise, ils sont tombés nettement sous la barre des 30%. Du jamais vu depuis 1986. C’est un retour en arrière de 25 ans. Or, quand les marges sont comprimées, la capacité de résistance au moindre accroc est nulle ou presque. D’autant que les entreprises ont déjà massivement utilisé toutes les armes défensives à leur disposition : gel des embauches, blocage des rémunérations, report des grands projets d’investissement et ajustement des stocks. Bref, il n’y a plus aucune marge de manœuvre pour s’ajuster. Or, les coûts d’exploitation s’alourdissent toujours. En amont, le prix des matières premières, de l’énergie, pour faire bref de l’ensemble des coûts d’approvisionnement pèse de plus en plus dans les comptes des entreprises. Ce n’est pas tant une quelconque flambée des matières premières qui est en cause, mais la faiblesse de l’euro face aux autres devises, notamment vis-à-vis du dollar. Le dollar qui reste la monnaie de référence dans les échanges internationaux. Un euro qui comme vous pouvez le voir a cédé près de 6% de sa valeur depuis début janvier face au billet vertIl faut aussi mentionner l’augmentation des frais des personnels. Non pas à cause de revalorisations salariales excessives mais bien parce que les charges sociales enflent : coup de rabot sur le coefficient de réduction Fillon, hausse du plafond de la sécurité sociale, doublement de la taxe sur les contrats de santé. Mais le plus préoccupant, c’est encore la trésorerie, orientée à la baisse, et l’allongement des délais de paiement. C’est très inquiétant alors que les banques durcissent leurs conditions de crédit et que s’approche la grande période de renouvellement des lignes de crédit. Pour nombre de PME, c’est la navigation au jour le jour pour boucler les échéances. La liste des dépôts de bilan s’allonge à nouveau. Les pouvoirs publics vont devoir prendre d’urgence des mesures pour soutenir la trésorerie des plus fragiles, au risque d’une nouvelle hécatombe au printemps.
Alexandre Mirlicourtois, Entreprises : attention, tissu fragile, une vidéo Xerfi Canal.
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