Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi
La reprise française est-elle solide ? Dès lors que cette question est posée ce n’est pas tant le niveau de la croissance qui est au cœur de l’enjeu que celui de la qualité de ses moteurs. C’est donc d’abord l’investissement qu’il faut disséquer. Encore faut-il chausser les bonnes lunettes c'est-à-dire se concentrer sur les seules dépenses d’équipements et de R&D des entreprises. Des dépenses en hausses qui accélèrent et qui ont fini par dépasser leur pic d’avant crise. Bien entendu la remontée à été laborieuse. Mais le plus dur est fait et un cap est passé. Et ce que l’on sait déjà sur le second trimestre c’est que cet effort ne s’est pas relâché. La preuve en est apportée par les enquêtes menées auprès des industriels du secteur manufacturier. Ces derniers ont assez nettement relevé leurs prévisions d'investissements. Ils anticipent désormais une hausse de 7% en valeurs de leurs investissements. C’est plus que l’an dernier (+2%). C’est surtout beaucoup plus que ce qu’ils prévoyaient en janvier (+3% seulement) et nettement plus que ce qu’ils entrevoyaient en octobre (-3%). Autre facteur de solidité de la reprise, sa large base sectorielle. Au 1er trimestre : sur 16 branches d’activité (hors agriculture) 14 contribuent positivement à la croissance ; elles n’étaient que 10 fin 2014 et seulement 8 il y a un 1 an. Et compte tenue de l’orientation prise par les dernières enquêtes de conjoncture (aussi bien celles concernant le négoce, les services, le commerce ou l’industrie), la poussée générale se confirme. La tendance d’ensemble est donnée par le climat des affaires qui s’améliore et qui a fait en mai un pas de plus vers sa moyenne de longue période. A plus de 97, il est à son plus haut niveau depuis près de 4 ans. Et cette remontée devrait se confirmer au fil des mois. Il y a d’abord la dynamique de la demande intérieure qui reste favorable. Il y a ensuite le réveil confirmé des demandes domestiques chez nos voisins immédiats, ce qui ouvre les débouchés extérieurs. Enfin, le gros point noir du BTP devrait se débloquer. Or, précisément, la construction est un facteur décisif d’accélération de la reprise. Il manque aujourd’hui à l’appel, mais dans notre scénario, le cycle du BTP est simplement retardé. Les tous premiers frémissements sont d’ailleurs déjà perceptibles. Du côté des promoteurs, les ventes s’accélèrent avec le retour des petits investisseurs séduits par le « Pinel ». Du côté des banques, l’explosion de la demande de crédit à l’habitat est également bon signe. Autre témoin de l’enracinement de la reprise, l’augmentation en avril dernier, pour le deuxième mois consécutif des déclarations d’embauches de plus d’un mois (hors intérim). Bien entendu, le mouvement est encore très frêle mais c’est un premier pas vers l’amélioration du marché du travail. Enfin comment ne pas terminer sur le nouveau courant d’optimisme qui souffle sur l’entrepreneuriat. Accélérateurs, incubateurs, espaces de coworking de jeunes pousses prolifèrent dans nos métropoles et au sein des écoles et cela commence à se faire sentir sur les créations d’entreprises qui décollent depuis plusieurs mois maintenant et qui semblent définitivement tourner la page aux années de crise. On le comprend bien alors, ce qui compte au-delà de notre estimation encore prudente du PIB pour le 2ème trimestre à 0,3%, c’est que l’engrenage d’une reprise complète est en train de prendre. Ce qui compte c’est que les fondements de notre croissance soient saints et qu’un vivier particulièrement actif d’entreprises prépare la croissance de demain.
Alexandre Mirlicourtois, Et pourtant, la reprise est bien là !, une vidéo Xerfi Canal TV
Publié le mardi 02 juin 2015 . 3 min. 27
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