Que sait-on vraiment des différences entre l’école publique et le privé ? Poids, répartition, moyens, performances : voici un état des lieux sans parti pris idéologique. Premier constat : avec près de 18% des élèves scolarisés de la maternelle jusqu’au lycée, les établissements privés sous contrat sont un acteur majeur du système éducatif, même s’ils sont moins présents dans le premier degré que dans le secondaire, où plus d’un élève sur cinq y est inscrit.
Une dynamique de croissance continue
Mais derrière cette moyenne nationale se cachent de profondes divergences régionales. L’enseignement privé est particulièrement implanté dans l’ouest de la France, avec 41% des élèves dans l’académie de Rennes et 38% dans celle de Nantes. Dans des départements comme la Vendée ou le Morbihan, plus d’un élève sur deux fréquente un établissement privé, et il peut arriver qu’il constitue la seule offre scolaire d’une commune. Il est aussi très présent dans l’académie de Paris (près d’un élève sur trois), celle de Lille, ainsi que celles du sud du Massif central.
En termes de dynamique : la part des effectifs scolarisés dans le privé progresse légèrement, mais cette tendance tend à s’accélérer. Autre élément marquant : l’enseignement privé sous contrat est très majoritairement catholique avec 96% des élèves. Les autres réseaux confessionnels – notamment juif et musulman – restent plus modestes mais enregistrent une forte croissance. Les établissements en langues régionales suivent la même dynamique.
Des moyens plus limités qu’il n’y paraît
Côté moyens, le privé emploie plus de 142 000 enseignants (soit 19% du corps professoral). C’est plus que la part des effectifs scolarisés, mais comme le temps partiel y est plus fréquent, les établissements privés ne sont pas plus richement dotés. Plusieurs éléments l’illustrent : 1 – ils font face à des classes plus chargées que dans le public, donc avec un encadrement plus fragile ; 2 – les enseignants y sont sensiblement moins bien rémunérés. Cela s’explique par un effet de structure : plus de non-titulaires dans le privé, davantage d’agrégés dans le public. Et enfin, 3 – la réserve d’enseignants remplaçants est presque deux fois plus étoffée dans le public, ce qui pèse dans la gestion des absences.
Derrière les bons résultats, une sélection sociale
Pourtant, les résultats aux examens sont meilleurs dans le privé : le taux d’échec au brevet y est quatre fois plus faible, et la réussite au bac cinq points plus élevée. Cela alimente un procès en inefficacité de l’école publique. Un procès partiellement injuste : ces écarts s’expliquent en grande partie par l’origine sociale des élèves. Le taux de boursiers est un marqueur clé, quel que soit le niveau scolaire. Les études montrent que si le privé affiche de meilleurs résultats, c’est parce qu’il recrute de manière de plus en plus homogène, en ciblant des familles plus aisées – et cette tendance s’accentue. Le filtrage opéré via les frais d’inscription permet d’éviter la difficile gestion de la mixité sociale.
Le vrai enjeu : l’investissement dans l’éducation
Toutefois, l’enseignement privé sous contrat contribue clairement à l’offre éducative. En tant que composante du service public, il devrait être davantage mobilisé au service de la performance et de la mixité. Mais inutile d’opposer les deux systèmes : c’est un combat d’arrière-garde. Les comparaisons internationales sont claires : privé comme public, ce sont deux systèmes pauvres. Que ce soit dans le primaire, où le nombre d’élèves par enseignant est parmi les plus élevés de l’OCDE, ou dans le secondaire, le constat est le même : la France ne fait pas assez d’efforts en matière d’éducation, alors même qu’il s’agit d’un levier essentiel pour la compétitivité et la croissance à venir.
Publié le vendredi 23 mai 2025 . 3 min. 55
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