Des études de cas valent souvent mieux qu’un long raisonnement économique. Ici, la multinationale danoise Yara. Peu connue, elle est numéro 1 mondial des engrais azotés et a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires consolidé de près de 16 milliards de dollars. Sa matière première principale, le gaz naturel, est transformée en ammoniaque, un composant essentiel pour la fabrication d’engrais. Selon l’estimation du groupe, en incluant les aides de l’État américain, le prix de production de l’ammoniaque outre-Atlantique va devenir 4 fois moins élevé qu’en Europe. Les conséquences ? Les fermetures d’un site en Belgique, d’un autre en France et ce n’est certainement pas terminé. Le cas n’est pas isolé.
Délocalisation et investissement étranger
L’allemand BASF, géant de la chimie, a réduit son activité sur son site historique tout en réalisant le plus gros investissement étranger de son histoire en Chine : 10 milliards de dollars dans la construction d’un complexe chimique. Le sidérurgiste ArcelorMittal envisage une expansion en Alabama, alors qu’il ferme ses usines de Reims et de Denain en France. Au cœur de l’Europe, l’industrie manufacturière allemande est sous pression. La production des secteurs les plus énergivores a notamment plongé de 15% par rapport à son niveau d’avant la crise Covid, et il y a de la casse.
L'énergie, facteur clé de compétitivité
Les défaillances dans l’industrie manufacturière sont sur une pente montante tout comme dans l’industrie en général au sein de la zone euro. La cause de tous ces déboires est multifactorielle, mais il existe un coût coupable plus que les autres : l’énergie. L’exemple français en donne une illustration parfaite. Le prix du gaz naturel a bondi de 80% en France entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2024 avec, selon les volumes consommés, des hausses s’étalant de 45 à 80% environ. Et peu importe que les tarifs soient aujourd’hui inférieurs aux pics atteints peu après le déclenchement de la guerre en Ukraine, le choc reste d’une violence inouïe.
Disparités régionales et impact sur l'industrie
Le nœud du problème, c’est qu’à la différence du pétrole, marché globalement unifié avec des écarts de cours limités entre le Brent, la référence en Europe, et le WTI, pour l’Amérique, le marché du gaz est fragmenté entraînant de fortes disparités entre les régions depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. La volonté des pays européens de limiter leur dépendance au gaz russe a conduit à un renchérissement structurel des coûts d’approvisionnement : en 2024, le prix du gaz naturel en Europe était cinq fois plus élevé que celui des États-Unis…
Souveraineté énergétique et compétitivité industrielle
Comme le prix de l’électricité est en grande partie couplé à celui du gaz, les évolutions sont du même acabit et dans un cas comme dans l’autre, les gros consommateurs, les industriels les plus énergivores, sont aussi ceux qui subissent les hausses les plus spectaculaires. Les particularismes nationaux peuvent nuancer le discours, mais le sens de l’histoire est donné : le prix de l’électricité est trois fois élevé en Europe qu’en Chine par exemple. Comment les secteurs électro-intensifs (chimie, métallurgie par exemple) où les coûts de l’énergie peuvent représenter jusqu’à 60% de leur coût global peuvent-ils rivaliser et rester compétitifs sans un soutien massif : le risque sinon, c’est que le fer, l’acier, l’aluminium, la chimie, la pétrochimie, mais aussi une partie de l’agroalimentaire subissent le même sort que l’industrie du textile et se retrouvent décimés. Un sacré enjeu de souveraineté européenne.
Délocalisation et investissement étranger
L’allemand BASF, géant de la chimie, a réduit son activité sur son site historique tout en réalisant le plus gros investissement étranger de son histoire en Chine : 10 milliards de dollars dans la construction d’un complexe chimique. Le sidérurgiste ArcelorMittal envisage une expansion en Alabama, alors qu’il ferme ses usines de Reims et de Denain en France. Au cœur de l’Europe, l’industrie manufacturière allemande est sous pression. La production des secteurs les plus énergivores a notamment plongé de 15% par rapport à son niveau d’avant la crise Covid, et il y a de la casse.
L'énergie, facteur clé de compétitivité
Les défaillances dans l’industrie manufacturière sont sur une pente montante tout comme dans l’industrie en général au sein de la zone euro. La cause de tous ces déboires est multifactorielle, mais il existe un coût coupable plus que les autres : l’énergie. L’exemple français en donne une illustration parfaite. Le prix du gaz naturel a bondi de 80% en France entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2024 avec, selon les volumes consommés, des hausses s’étalant de 45 à 80% environ. Et peu importe que les tarifs soient aujourd’hui inférieurs aux pics atteints peu après le déclenchement de la guerre en Ukraine, le choc reste d’une violence inouïe.
Disparités régionales et impact sur l'industrie
Le nœud du problème, c’est qu’à la différence du pétrole, marché globalement unifié avec des écarts de cours limités entre le Brent, la référence en Europe, et le WTI, pour l’Amérique, le marché du gaz est fragmenté entraînant de fortes disparités entre les régions depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. La volonté des pays européens de limiter leur dépendance au gaz russe a conduit à un renchérissement structurel des coûts d’approvisionnement : en 2024, le prix du gaz naturel en Europe était cinq fois plus élevé que celui des États-Unis…
Souveraineté énergétique et compétitivité industrielle
Comme le prix de l’électricité est en grande partie couplé à celui du gaz, les évolutions sont du même acabit et dans un cas comme dans l’autre, les gros consommateurs, les industriels les plus énergivores, sont aussi ceux qui subissent les hausses les plus spectaculaires. Les particularismes nationaux peuvent nuancer le discours, mais le sens de l’histoire est donné : le prix de l’électricité est trois fois élevé en Europe qu’en Chine par exemple. Comment les secteurs électro-intensifs (chimie, métallurgie par exemple) où les coûts de l’énergie peuvent représenter jusqu’à 60% de leur coût global peuvent-ils rivaliser et rester compétitifs sans un soutien massif : le risque sinon, c’est que le fer, l’acier, l’aluminium, la chimie, la pétrochimie, mais aussi une partie de l’agroalimentaire subissent le même sort que l’industrie du textile et se retrouvent décimés. Un sacré enjeu de souveraineté européenne.
Publié le jeudi 06 février 2025 . 3 min. 43
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