C’est officiel : le 1er janvier 2026, la Bulgarie fera son entrée dans la zone euro. Après des années de préparation, Sofia coche toutes les cases des critères de Maastricht. Inflation ? Sous contrôle. Elle reste au-dessus de 2%, mais suit désormais les standards des autres pays membres. Monnaie ? Stable. Le lev est arrimé à l’euro depuis 1999 à un taux fixe – un euro pour deux leva – sans jamais dévier. Finances publiques ? Exemplaires. Le déficit a été contenu à 3% du PIB en 2024 et devrait se réduire cette année. Quant à la dette, elle demeure bien loin du seuil européen de 60%. Même avec une légère hausse prévue en 2025, le signal reste au vert. Taux d’intérêt ? Alignés. Les taux à long terme se rapprochent de ceux du cœur de l’Europe. Résultat : feu vert de la BCE pour l’adhésion.
Un contexte économique complexe
En rejoignant l’euro, la Bulgarie espère dynamiser son économie pour mettre fin à la fuite de sa population. Remplir les critères de l’UE ne garantit pas pour autant la prospérité d’un pays, et la Bulgarie part de très loin. Son PIB par habitant, à peine supérieur à 24 000 euros, représente seulement 41% de la moyenne européenne, ce qui en fait le pays le plus pauvre d’Europe. Une sacrée épine dans le pied. Le manque d’attractivité et de perspectives pousse une partie de la population, notamment les jeunes qualifiés, à quitter le pays. Cette émigration est facilitée par une diaspora importante (43% des Bulgares résident à l’étranger) et par l’adhésion à l’UE depuis 2007.
Les défis démographiques et sociaux
Résultat : la population diminue, d’autant plus que, faute de naissances suffisantes, le solde naturel est négatif depuis le début des années 90. En 35 ans, la population a chuté de près de 30%, et celle en âge de travailler se réduit encore plus rapidement, ce qui pose des problèmes de financement pour le système social. Les pénuries de main-d’œuvre sont omniprésentes et freinent le développement économique en général, et de l’industrie en particulier : 40% des industriels manquent de personnel, ce qui empêche de valoriser le premier atout du pays, le faible coût de sa main-d’œuvre. À 9 euros de l’heure dans l’industrie manufacturière, c’est le plus bas d’Europe, mais ces salaires écrasés expliquent aussi pourquoi les travailleurs cherchent à partir.
Les freins à l’investissement
Le manque de bras est également un frein pour attirer les investisseurs étrangers capables de moderniser l’économie, d’autant que le pays souffre de deux points faibles : sa position géographique. Plus excentrée du cœur industriel européen que la Slovaquie, la République tchèque ou la Pologne par exemple, la Bulgarie n’a pas bénéficié des mêmes investissements, notamment en provenance d’Allemagne. La corruption : la Bulgarie se situait en 2024 au 76? rang (sur 180) de l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Seule la Hongrie fait moins bien dans l’UE.
Des secteurs porteurs pour l’avenir
L’économie bulgare n’est toutefois pas dénuée d’atouts sectoriels : l’agriculture. Le pays est un important producteur et exportateur de céréales, et l’industrie agroalimentaire est puissante. Le tourisme est en plein développement, avec plus de 13 millions de visiteurs étrangers, soit plus de deux fois la population du pays. Ce mouvement devrait se poursuivre avec l’adhésion à l’espace Schengen le 1er janvier dernier. Dans l’industrie, quelques pôles émergent dans des secteurs tels que l’automobile, les équipements électriques et électroniques, ainsi que le textile et l’habillement. Mais aussi dans les services, notamment dans les nouvelles technologies, en lien avec l’externalisation des entreprises occidentales. Cependant, le chemin restant à parcourir est immense pour permettre aux Bulgares de progresser et de se développer pleinement au sein de leur propre pays.
Publié le jeudi 19 juin 2025 . 3 min. 40
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