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Cela s’appelle revoir totalement sa copie. Aussitôt réélu, le président Erdogan a été contraint à une volte-face dans la conduite de sa politique monétaire menée depuis des années, qui voulait, à rebours de la théorie, que les taux d’intérêt élevés étaient responsables de l’inflation plutôt que son remède. Sa solution, évidemment : les maintenir au plus bas. Les gouverneurs opposés à ce dogme en ont fait les frais, ils ont tous été limogés ! Ce jusqu’au-boutisme a fini par se heurter à la dure réalité économique : l’inflation officielle a atteint des pics à plus de 80%, avec des pointes supérieures à 100% dans l’alimentaire.


L'urgence des réformes monétaires


Une fois l’élection passée, une nouvelle équipe d’économistes a été nommée à la tête de l’institution monétaire et du ministère des Finances. Les décisions n’ont pas tardé à tomber : le taux directeur est passé de 8,5% à 50% en 10 mois. Un record en si peu de temps qui trahit l’urgence absolue de la situation. Malgré tout, l’objectif de ramener la hausse des prix à un chiffre d’ici les prochains mois semble encore hors de portée, car il faut que l’économie turque digère les effets à retardement des décisions du gouvernement : augmentation des taxes sur une large catégorie de biens et de services ; hausses spectaculaires du salaire minimum jusqu’en janvier 2024. À cela s’ajoute la forte dépréciation de la livre, que ce soit vis-à-vis du dollar ou de l’euro, et ses conséquences sur le prix des produits importés.


Fin de la croissance à crédit


Même si le plus dur de la hausse des prix est assurément passé, l’impact de la persistance d’une inflation haute sera d’autant plus ressenti qu’un autre virage à 180 degrés a été pris, celui de la rigueur avec, pêle-mêle : la non-revalorisation du salaire minimum en juillet dernier, comme cela avait été le cas depuis 2022 pour maintenir le pouvoir d’achat des bas salaires ; la réduction des dépenses publiques avec une coupe de 10% des budgets pour l’achat de biens et de services, de 15% pour les investissements et la suspension pendant trois ans de la construction de nouveaux bâtiments publics. Mais c’est aussi la hausse du taux d’impôt sur les sociétés et, pour finir, le durcissement des conditions d’octroi des crédits bancaires.


Or, il s’agissait là de l’autre pierre angulaire de la politique de Recep Erdogan. L’édifice mis en place reposait sur un crédit bancaire dynamique, bon marché. C’est très efficace pour soutenir la consommation, l’investissement, et la croissance, qui a d’ailleurs été nettement supérieure ces dix dernières années à celle des États-Unis et plus encore de la zone euro. Une croissance suffisante pour générer assez d’emplois afin d’absorber la hausse de la population active et faire refluer le taux de chômage vers des niveaux plancher pour l’ensemble de la population, y compris les jeunes. Mais une croissance à crédit dont la conséquence a été l’hyperinflation et la fuite des investissements étrangers pourtant essentiels à une économie dont les déficits courants s’empilent depuis des années.


Une décennie perdue malgré les atouts du pays


La restauration de la crédibilité de la banque centrale et de la politique budgétaire devenait donc impérative, ce qui explique le revirement du président. Une crédibilité nécessaire pour rassurer les investisseurs et les grandes institutions internationales comme le FMI et la Banque mondiale. Et c’est le cas. Une croissance tirée par le crédit était la voie la plus rapide pour obtenir des résultats. Le reniement actuel du chef de l’État montre que c’était une voie sans issue pour valoriser les nombreux atouts d’un pays, au-delà même de sa situation géographique : un vaste marché intérieur composé de 85 millions d’habitants, une population jeune formée et instruite, une large base industrielle et exportatrice, complétée par un important secteur touristique de qualité, un tissu entrepreneurial dynamique, et enfin une diaspora importante. Mais pour l’économie du pays, les dix dernières années s’apparentent bien à une décennie perdue.


Publié le mercredi 16 octobre 2024 . 4 min. 12

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