Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
Voilà une bonne nouvelle pour le consommateur : les prix à la consommation ont baissé en janvier 2013. Pas énormément certes, l’indice brut recule de -0,5%, mais cela s’inscrit, dans un contexte général de ralentissement de l’inflation, une inflation passée 2,5% début 2012 à +1,2% début 2013. C’est son plus bas niveau depuis deux ans. Cela fait du bien au portefeuille, d’autant plus que le niveau est encore plus bas si l’on retient l’inflation sous-jacente. En excluant les prix encadrés par l'État (électricité, gaz, tabac...) et les produits à prix volatils (produits pétroliers, produits frais, produit par exemple), cet indicateur permet de conserver les seules composantes permanentes. C’est le cœur de l’inflation. Un cœur qui bat lentement puisque comme vous pouvez le voir, l’inflation sous-jacente est passée sous la barre symbolique de 1%. La France n’est pas une exception. L’inflation sous-jacente se situe à 1,3% au sein de la zone euro, elle reste bloquée en dessous de 2% aux Etats-Unis. Elle tombe à -0,2% au Japon. La situation est d’autant plus détonante que les taux directeurs sont bas et que la majorité des banques centrales s’est massivement lancée dans des politiques de détente quantitative hyper-expansionniste. C’est un peu comme si le lien entre la quantité de monnaie et le niveau des prix s’était rompu. Dans ce contexte, le risque que la désinflation temporaire se mue en une situation de déflation est bien réel. Déflation, cela signifierait baisse généralisée, prolongée et auto-entretenue du niveau des prix. Et la déflation, c’est le pire danger, car quand les prix baissent, les marges des entreprises sont comprimées. Pas d’autres choix alors de diminuer les charges en faisant pression sur les salaires, l’emploi, et l’investissement. Les entreprises doivent alors composer avec une demande étouffée et s’adapter en baissant leurs prix. C’est dans ce piège que le Japon est enfermé et dans lequel sont sur le point de tomber de nombreux pays. La France semble l’éviter. L’inflation est à marée basse, certes, mais les salaires continuent de progresser comme le montre la trajectoire du salaire mensuel de base qui reste bien accroché au dessus de 2%. Mais on se trompe. Car ajustements sur les salaires il y a bel et bien. Pas ou peu pour ceux qui sont en postes : comme le dévoile une étude du Cabinet Mercer 8% des entreprises ont gelé le salaire des cadres dirigeants en 2012, 6% ceux des ouvriers et 5% ceux des cadres supérieurs. En revanche la situation est totalement différente pour les nouveaux entrants, les jeunes. Un indice : 45% des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur depuis moins de trois ans sont actuellement en recherche d’emploi. Quant aux grandes écoles, en un an, la proportion des diplômés cherchant un job a pratiquement doublé : 28% en janvier 2013, contre 16% en 2012. Le risque c’est que cela ne soit les prémisses d’un ajustement plus brutal et pour tous. Sous ses airs de bonne nouvelle car il y a baisse de prix, la déflation est un poison mortel. C’est un cercle vicieux qui réduit non seulement le prix et la qualité des biens, mais aussi la valeur du travail.
Alexandre Mirlicourtois, Le retour menaçant de la déflation, une vidéo Xerfi Canal
Publié le jeudi 14 mars 2013 . 3 min. 32
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