Pas une journée sans un titre évoquant le retour fracassant de l’inflation. À juste titre. La hausse des prix à la consommation, qui était encore nulle en décembre 2020, a franchi la barre symbolique des 2% en septembre dernier pour la première fois depuis 3 ans.
Prix de l’énergie : une future correction à la baisse
Pour autant, le diagnostic d’un retour définitif de l’inflation n’est pas tranché. Pour qu’il le soit, il faudrait que l’augmentation des prix soit générale, qu’elle s’installe dans le temps et qu’elle soit auto-entretenue. Or, ces conditions ne sont pas remplies.
D’abord, l’inflation est, jusqu’à maintenant, quasi exclusivement nourrie par la flambée des prix de l’énergie : pétrole, gaz, charbon, électricité… Les cours et les tarifs s’envolent et se retrouvent au cœur de la progression de l’indice général des prix. Sur les 2,1 points d’inflation de septembre, plus de la moitié a pour origine l’énergie alors que les produits manufacturés contribuent pour seulement 0,1 point. Or, beaucoup d’éléments poussent vers un scénario de correction à la baisse des prix de l’énergie.
- Côté pétrole, la hausse des cours ne vient pas d’une pression de la demande — la consommation mondiale de pétrole demeure en effet inférieure de 4% à son niveau d’avant crise —, mais d’un ajustement plus brutal de la production qui reste plus loin encore de son pic pré-pandémie. Si la production américaine est durablement entravée par la politique énergétique de Joe Biden, l’offre des pays membres de l’OPEP + va s’accroître après avoir été contingentée. C’est une demande forte de la Russie, à quoi va s’ajouter le retour à venir des barils iraniens sur le marché.
- Idem, pour le gaz. La volonté de la Russie de limiter ses exportations vers l’Europe pèse, mais c’est surtout l’incapacité de la Norvège à restaurer son niveau production après l’incendie de sa principale usine de liquéfaction qui a alimenté les cours. Un choc par nature transitoire alors que le pays s’apprête à augmenter de 2% ses exportations annuelles de gaz naturel par gazoduc. C’est bon pour la facture du gaz, mais aussi de l’électricité. L’énergie devrait donc progressivement ne plus peser sur l’inflation, voire avoir un impact légèrement déflationniste en 2022.
Métaux : début de reflux
Autre source d’inquiétude, la flambée des métaux et des produits agricoles qui se retrouvent maintenant dans les prix de production des produits transformés dont les hausses s’amplifient, qu’ils soient fabriqués en France (+10%) ou importés (+13,4%). Des augmentations spectaculaires à replacer dans le contexte d’une année 2020 totalement atypique avec des prix qui s’étaient effondrés avec la pandémie. L’effet de base est donc important. En outre, le diable se cache dans les détails. Dans le sillage du pétrole, ce sont les prix des produits de la cokéfaction et du raffinage qui poussent le plus avec une envolée de plus de 63%. Emmenée par les produits métallurgiques, la catégorie « autres produits manufacturés » progresse également rapidement. Dans un contexte où en amont les cours des métaux plafonnent désormais voire ont commencé à refluer, le soufflé devrait retomber. Pour les autres lignes de produits, les hausses restent limitées de 2 à 3%.
Aucune boucle prix-salaire en formation
Quant à l’évolution de salaires, la tendance de fond reflétée par les fluctuations du salaire mensuel de base montre des augmentations limitées comprises entre 0,3 et 0,5% par trimestre, pas de quoi faire déraper l’inflation, notamment les prix dans les services. Avec la revalorisation du SMIC au 1er octobre, il faut s’attendre à une accélération au 4e trimestre, mais elle restera modérée. Finalement dans la continuité des années précédentes, la progression du salaire mensuel de base atteindra 1,6% cette année avec des perspectives de progression encore modeste en 2022.
Bref, aucune boucle prix-salaire n’est en formation. Oui, il y a de la tension sur les prix, mais ce n’est pas encore de l’inflation.
Publié le mardi 12 octobre 2021 . 3 min. 46
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