Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
L’évolution du pouvoir d’achat alimente la polémique : parce que c’est un enjeu électoral, mais aussi, parce que les techniques de calcul permettent toutes les manipulations des chiffres, et des analyses. Certes, malgré les crises, le pouvoir d’achat ne cesse d’augmenter depuis 1985 comme le montrent les statistiques. Et 2011 n’a pas dérogé à la règle avec une hausse de 1,1%. En vérité, seul le rythme de progression a considérablement diminué au fil du temps. Un rythme de 2,4% par an entre 1995 et 2002, tombé à 1,9% entre 2002 et 2007. Et un rythme bien en dessous de 1% ces 5 dernières années. Mais comment alors expliquer la perte de pouvoir d’achat ressentie par les Français et le simple coup de frein révélé par les chiffres officiels ? S’agit-il d’un simple biais de perception ou d’un mauvais indicateur ? En réalité, il faut pousser l’analyse plus loin. D’abord, Il faut bien avoir en tête que le pouvoir d’achat est calculé pour l’ensemble des ménages. Sa hausse globale peut donc masquer une grande variété des situations individuelles. La moyenne ne veut rien dire si l’écart de pouvoir d’achat se creuse entre les catégories sociales. Ensuite, il faut bien comprendre deux phénomènes. Le 1er c’est l’augmentation régulière de la population. Chaque année, le pouvoir d’achat se partage donc en un nombre plus important de ménages. Le 2ème phénomène, c’est la réduction du nombre de personnes vivant sous le même toit. Les économies liées à la vie en commun diminuent donc mécaniquement avec la baisse de la taille du foyer. Pour intégrer ces phénomènes, les statisticiens utilisent la notion d'unité de consommation. Par convention, dans un foyer, le premier adulte compte pour une unité de consommation, une personne supplémentaire de plus de 14 ans pour 0,5 unité de consommation et chaque enfant pour 0,3 unité de consommation. Ce simple glissement entre pouvoir d’achat global et pouvoir d’achat par unité de consommation est lourd de conséquence. Depuis 2008, le pouvoir d’achat par unité de consommation stagne. Sa hausse peine même à atteindre 0,2% l’an contre +0,9% pour le pouvoir d’achat global. C’est près de 5 fois moins rapide. Comment envisager la suite ? Il faut d’abord regarder d’où on part. Et l’on part de très bas. Le pouvoir d’achat par unité de consommation a reculé aux 3ème et 4ème trimestres 2011. Pour faire bref, nous partons avec un handicap. Un handicap dont on voit mal comment il pourrait être surmonté cette année. Tous les paramètres convergent en effet vers un tassement des ressources financières des ménages en 2012. Comme les entreprises n’ont plus aucune marge de manœuvre, les salaires progresseront peu ou pas du tout en 2012. Quant aux fonctionnaires, le gouvernement a annoncé que la valeur du point d’indice salarial ne serait pas augmentée en 2012, pour la deuxième année consécutive. De surcroît, la priorité de la droite comme de la gauche est d’assainir les finances publiques. Quelque soit le scénario électoral il faut donc s’attendre à un durcissement de la fiscalité. En clair, il faut s’attendre à de nouvelles ponctions sur les revenus et à une réduction des prestations sociales. Coté prix, ce n’est pas mieux. Depuis maintenant un an, l’inflation campe au-dessus de 2%. Et vu la dynamique des prix, notamment dans l’énergie, le retour durable sous ce seuil des 2% n’est pas d’actualité. Que l’on prenne le problème par le numérateur, c'est-à-dire les ressources, ou par le dénominateur, c'est-à-dire les prix, le constat est le même : le pouvoir d’achat par unité de consommation reculera en 2012. Il reculera de 0,7% selon notre prévision. Avec un tel scenario, les Français vont avoir du mal à consommer plus. Et certains même devront consommer moins. Pour le consommateur il n’y a aura pas d’état de grâce après le 6 mai prochain.
Alexandre Mirlicourtois, Pouvoir d’achat : vers un recul en 2012, une vidéo Xerfi Canal
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