Le marché de l’intérim digital entre dans une phase d’hypercroissance. En 2020, les services d’intérim 100% digitaux ont représenté près de 3% de la valeur totale des prestations de travail temporaire, soit une part multipliée par deux en seulement un an. Ce boum de l’intérim digital est lié au 1er confinement qui a provoqué un effet de report de clients traditionnels des agences physiques vers les solutions 100% numériques compte tenu de la fermeture des agences de travail temporaire. La digitalisation des pratiques des recruteurs et des candidats, profondément accélérée par la crise, a également dynamisé la demande en prestations de travail temporaire 100% numériques. Et cette trajectoire ne devrait pas être déviée de sitôt, car la digitalisation des modes de recrutement devrait se poursuivre et les innovations proposées par les opérateurs se multiplier et ainsi accroître l’attractivité des offres.
Les innovations ne sont pas forcément le fait des seules start-up de l’intérim 100% digital. Elles sont également portées par les géants de l’intérim qui investissent pour numériser de A à Z leur offre. Ce foisonnement d’initiatives témoigne toutefois d’une dangereuse intensification de la concurrence. D’ailleurs, les rivalités entre les géants du travail temporaire comme Randstad et The Adecco Group et les pure players digitaux comme Iziwork et Gojob sont montés d’un cran. Qui plus est, les spécialistes de l’intérim digital doivent défendre leurs positions dans un écosystème où sites d’annonces d’emploi, géants de la tech comme Google et son offre Google for Jobs ou encore LinkedIn pourraient bien devenir des intermédiaires incontournables. Preuve que la concurrence prend une tournure inquiétante : deux acteurs, Vit-On-Job et OVB, ont disparu après un placement en liquidation judiciaire.
Un duel entre spécialistes de l’intérim 100% numérique et géants de l’intérim est donc engagé. Mais leurs armes pour se battre diffèrent en partie. Si les groupes historiques, à la tête d’importants réseaux d’agences en ville, s’orientent vers la création de solutions 100% en ligne, les spécialistes, eux, cherchent au contraire à développer des réseaux en durs. C’est le cas de Iziwork qui compte s’appuyer sur un réseau de 500 professionnels indépendants. Ces derniers disposeront d’un accès aux technologies de la start-up et d’une exclusivité géographique sur leur zone d’intervention en échange d’un partage de la marge générée sur les contrats signés. Au-delà de ce phénomène de convergence, les acteurs de l’intérim 100% digital investissent dans des solutions technologiques nouvelles pour améliorer leur offre : intelligence artificielle, chabots et même entretiens différés pour convertir des clients encore réticents à l’intérim digital. Le lancement de dispositifs dédiés aux personnes éloignées de l’emploi permet aussi de mettre la main sur des candidats et de renforcer l’engagement des utilisateurs déjà inscrits.
Ainsi, avec quelques années de retard par rapport à d’autres marchés, l’intérim entame sa révolution digitale à vitesse grand V… avec en bout de chaine un risque marqué d’indifférenciation entre l’offre des start-up technologiques et les géants de l’intérim.
Publié le jeudi 8 avril 2021 . 3 min. 28
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