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Capitalisme digital : rêve technologique ou cauchemar anthropologique ?

Publié le jeudi 16 novembre 2023 . 4 min. 20

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Vidéo en lien avec le chapitre « Les NTIC sauveront-elles le capitalisme ? » écrit par Gilles Rotillon dans le livre Humanité et numérique, coordonné par Servane Mouton aux éditions Apogée.

Je voudrais aborder ce qui est peut-être la conséquence la plus préoccupante et la moins documentée de l’usage intensif des technologies numériques sous régime capitaliste.


C’est sans doute en partie dû aux politiques néolibérales mises en œuvre depuis Thatcher pour qui la société n’existe pas et qui ne voit que des individus. Une conception formalisée par l’économie néoclassique pour qui il n’y a que des agents rationnels n’agissant qu’en fonction de leurs préférences.


Mais la science économique ne peut devenir une science comportementale qu’en réduisant l’homme à peu de chose et le « comportement » à presque rien. Or l’anthropologie, la psychologie ou la linguistique nous apprennent que l’être humain n’existe pas indépendamment de la société où il vit.


Loin d’être façonnés par nos « préférences », nous dépendons de notre environnement technique et social. Du silex taillé au téléphone portable, toute l’évolution de l’humanité démontre le caractère constituant des objets techniques qui nous entourent.
Mais il n’y a pas que la technologie disponible dans la société. Les rapports sociaux qui s’y développent et dans lesquels les individus deviennent des êtres humains sont encore plus importants.


C’est frappant pour les mouvements féministes qui n’ont pris une grande importance dans les débats sociétaux qu’après l’entrée des femmes en masse sur le marché du travail, portant, par exemple, la revendication de l’égalité salariale, égalité qui n’avait pas de sens au temps où les femmes ne travaillaient pas. De même, les conflits autour de l’immigration et du rôle qu’elle est censée jouer dans l’insécurité se durcissent sur fond de chômage de masse et de l’expulsion de la production de nombreux travailleurs, suite au développement de la mondialisation et de la dispersion des chaînes de valeur.


En révolutionnant le monde du travail, les technologies numériques jouent un rôle important dans la formation des personnalités dont le capitalisme a besoin pour perdurer et qui découlent des rapports où elles sont prises. Armée invisible des travailleurs du clic, hommes devenus inutiles à eux-mêmes et aux autres, (chômeurs de longue durée, travailleurs précaires, paysans sans terre), télétravail désocialisant, ubérisation, telles sont quelques-unes des formes sous lesquelles des masses croissantes d’individus sont contraints de tenter de s’humaniser.


Mais il faut encore faire un pas de plus et quitter le monde du travail ou du loisir où cherchent à se rentabiliser les capitaux, car avec ces technologies ce qui est aussi en jeu c’est la tentative de valorisation de l’imaginaire avec le développement des métavers et autres NFT. Puisque les secteurs matériels ne permettent plus de rentabiliser des capitaux de plus en plus nombreux, on va chercher à « développer » le vide via la promotion du virtuel. Puisque la vie tend à devenir invivable, réfugions-nous dans le rêve et imaginons que nous contrôlons nos existences grâce à nos avatars et les dépenses qu’ils nous « obligeront » à faire pour leur survie.


La crise anthropologique n’atteint plus seulement les êtres humains dans leurs rapports matériels, mais aussi dans leur imaginaire.


Et si des économistes proclament qu’il « faut prendre le train de l’innovation, on en pense ce qu’on veut mais il faut le prendre, c’est très important », car « les NFT participent sans doute au mouvement de plateformisation de la culture », ce n’est clairement pas l’avis du mathématicien Etienne Ghys, qui, après avoir expliqué le rôle de ces NFT dans la validation des informations via la block chain, pointe l’absurdité d’un système où des acteurs résolvent des problèmes complexes sans aucun intérêt pour prouver leur capacité à valider ces messages, ce qui permet ensuite de vendre en toute sécurité un fichier d’un pixel pour 800 000 dollars à un heureux acquéreur.


C’est conclut-il « un monde décentralisé, un monde anarchique, un monde mafieux, un monde fou qui a perdu le sens des valeurs ». C’est ce vers quoi nous conduit l’utilisation des technologies numériques sous le capitalisme et dont la mise en friche de l’imaginaire aux fins de rentabilité du capital, est bien loin d’être le « train de l’innovation » à prendre que nous vantent certains économistes.


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