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L'euthanasie des épargnants

Publié le jeudi 21 novembre 2013 . 4 min. 48

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Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste

Dans les années 30, Keynes les avait qualifiés de rentiers. Aujourd'hui, on parle d'épargnants. Dans les années 30, Keynes prônait, pour sortir de la crise, l'euthanasie des rentiers. Aujourd'hui, on n'évoque plus l'euthanasie des épargnants : on la réalise. 

Certes, chacun constate que la crise a enrichi encore plus les hyper riches, ceux qui ont énormément de capitaux , qui peuvent les faire tourner dans le monde entier, le plus vite possible, en payant le minuimum d'impôts, et en choisissant les placements du moment les plus rémunérateurs.

Mis à part cette caste, la très grande majorité des épargnants, en France mais aussi dans la plupart des pays occidentaux, sont désormais en rendements négatifs. C'est-à-dire que le revenu de leur épargne – du livret A aux obligations, des OPCVM aux actions, de l'assurance-vie aux diverses formules de comptes sur livrets – ce revenu tourne entre 1,5 % et 3 % bruts. Une fois déduits les frais divers, la fiscalité, et l'inflation, le rendement est négatif. Les épargnants voient, chaque année, une part de leur capital s'éroder.

L'épargnant d'aujourd'hui est pris dans un double squeeze : une baisse généralisée des taux d'intérêt, voulue par les banques centrales, et une hausse de la fiscalité par des États surendettés. Hausse particulièrement spectaculaire en France.
Il y a une dizaine d'années, les revenus de l'épargne, qu'il s'agisse des dividendes ou des intérêts des obligations, étaient imposés globalement et forfaitairement à un peu moins de 30 %. Aujourd'hui, on arrive, selon les tranches d'imposition, à un taux de prélèvement global de 45 % à 60 %. Un taux équivalent à celui des revenus du travail. A ceci prés que l'épargne investie est, en réalité, le fruit de revenus du travail, qui ont déjà supporté l'impôt, ou de revenus du capital, qui l'ont également supporté.

C'est encore pire pour les entrepreneurs qui avaient choisi de se rémunérer en dividendes plutôt que par de hauts salaires, afin de ne pas peser sur les finances de leur entreprise. Des entrepreneurs qui préféraient investir et embaucher. Désormais, la fiscalité est simple : sur les bénéfices de l'entreprise, ils paient 38 % d'IS. S'ils se distribuent le reste, ils vont payer 60 % sur cette masse distribuée. Au total, l'entrepreneur aura donc payé en impôts et prélèvements 75 % ! Une véritable confiscation !

On est donc aujourd'hui au-delà de l'euthanasie des épargnants ou des rentiers. On est dans un processus d'euthanasie du capital.
 
Les banques centrales anglo-saxonnes, mais aussi la BCE, appliquent, au fond, une politique keynésienne. Keynes estimait que les détenteurs du capital touchaient une rente injustifiée à travers des taux de rendement élevés, parce que le capital était rare. Pour abaisser le niveau de cette rente, il suffit donc d'accroître le volume de capital. En faisant tourner la planche à billets. Et en faisant tendre  les taux vers zéro.

Ainsi, un cercle vertueux devait se reconstituer, le capital s'orientant vers l'investissement dans des actifs réels et non vers la rente. Mais aujourd'hui, il n'y a plus de rente au sens strict du terme, c'est le système financier qui procède à la réallocation des actifs en principe dans des actifs réels. Or il ne le fait pas.
À cette vision keynésienne des banques centrales s'ajoute celle de nos socialistes français et des fonctionnaires de Bercy. Pour eux, les Français épargnent trop : 17 % de leurs revenus disponibles. Il faut donc réduire ce taux d'épargne, pour créer du PIB, de la croissance et de l'emploi.

Entre des taux de rendement très bas et une fiscalité très forte, les épargnants auraient donc intérêt à consommer leur capital… pour continuer à consommer. Que cette consommation soit essentiellement à base de produits importés leur importe peu. Que ces épargnants soient peu a peu tentés par l'exil non plus.
Le problème, c'est que les théories de Keynes, comme celles de Ricardo et d'Adam Smith, ne semblent plus totalement adaptées à ce troisième millénaire. L'investissement productif ne repart pas. Les États ne se désendettent pas. Et les grands déséquilibres, notamment ceux des balances des comptes courants, ne se résorbent pas. Bref, l'euthanasie des rentiers épargnants ne produit pas les effets escomptés. Et que se passera-t-il le jour où on les aura définitivement ruinés ? 

Jean-Michel Quatrepoint, L'euthanasie des épargnants, une vidéo Xerfi Canal


 



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