Xerfi Canal a reçu Jean-Michel Quatrepoint, journaliste-essayiste
La super ministre du Logement, Cécile Duflot, chausse finalement les bottes de ses prédécesseurs. En reprenant une disposition fiscale qui a fait les beaux jours depuis bientôt vingt ans de quelques grands promoteurs. Disposition qui avait pourtant coûté fort cher aux finances publiques et n’avait en rien résolu la crise du logement, dans laquelle nous sommes plongés depuis quelques années.
Si les Besson, Scellier et autres Périssol avaient été la panacée, il ne nous manquerait pas aujourd’hui un million de logements et nous ne serions pas tombés à 300 000 logements construits par an alors qu’il en faudrait au minimum 500 000.
Cécile Duflot et ses services ont donc accouché d’un nouveau Scellier pour 2013. Avec un peu plus d’avantage fiscal, mais comme on est de gauche, on a mis un peu plus de contraintes sociales. Ainsi, pour bénéficier de l’avantage, il faudra louer toujours au moins neuf ans, mais à un tarif inférieur de 20 % à la moyenne du marché et à des locataires dont les ressources ne devront pas dépasser un certain plafond. Enfin, l’avantage Duflot entrera dans le nouveau plafond des niches fiscales fixé à 10 000 euros par foyer.
L’objectif, nous dit-on, est à travers ce dispositif de construire 40 000 logements neufs aux nouvelles normes environnementales. Dans des régions où l’on constate une pénurie de logements intermédiaires : la région parisienne, quelques grandes villes et le littoral méditerranéen.
A priori, le lobby des promoteurs a bien travaillé car, en quelques semaines, le gouvernement, la gauche et les médias qui ont la mémoire courte ont oublié les critiques que l’on formulait à l’égard des dispositifs précédents. C’était de véritables usines à gaz, qui coûtaient cher à l’Etat et amenaient à privilégier la construction de petites surfaces. En outre, l’avantage fiscal était, en fait, récupéré par les promoteurs qui vendaient ce type de logements plus chers que les autres. Contribuant ainsi à l’augmentation générale des prix de l’immobilier. La gauche n’était d’ailleurs pas la dernière à critiquer ce genre de dispositif.
Le futur Duflot sera toujours une usine à gaz pour de petites surfaces. Il ne fera en rien baisser les prix de vente, surtout que les coûts de construction vont augmenter avec les nouvelles normes environnementales.
Enfin, le Duflot risque de faire un flop relatif, car les deux contraintes imposées sur la fixation du loyer et surtout avec l’intégration dans la plafond des niches fiscales, vont singulièrement réduire le champ des investisseurs possibles.
Ce genre de dispositif concernait et concerne plutôt les classes moyennes notamment supérieures. Celles qui peuvent investir entre 150 et 300 000 euros. Or, ces contribuables sont déjà au plafond des niches, avec les emplois à domicile, sans parler de tous ceux qui ont déjà investi dans les Besson et Scellier ce qui les place déjà souvent au plafond de 10 000 euros.
Madame Duflot ne fera sans doute pas recette. Sauf peut-être auprès de quelques petits malins qui vont, comme toujours, chercher à profiter de l’effet d’aubaine. Et l’on peut être sûr que les services commerciaux et financiers des promoteurs et des banques vont trouver les astuces nécessaires pour permettre aux parents aisés d’acheter des studios à Paris et sur la côte d’Azur, pour les louer ensuite, à des loyers très bas, à leurs enfants ou à ceux de leurs amis, étudiants ou en début de carrière. Neuilly-Auteuil-Passy pourra dire merci à Cécile Duflot.
Ce n’est pas, en tout cas, avec ce dispositif que l’on va résoudre le problème du logement et relancer la construction en France. Le Plan Marshall pour le logement reste toujours à écrire.
Jean-Michel Quatrepoint, Merci Duflot, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mercredi 26 septembre 2012 . 3 min. 25
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