Le terme "kakistocratie" – littéralement, le gouvernement des pires – semble plus que jamais faire écho à l'époque actuelle. Si autrefois la méritocratie était l'idéal d'une société en quête d'excellence, aujourd'hui, la question se pose : la France risque-t-elle de tomber dans les mains des moins compétents, des plus opportunistes, voire des plus nuisibles ?
La Kakistocratie : une dérive managériale
Dans son ouvrage percutant sur le management, La kakistocratie ou le pouvoir des pires, Isabelle Barth, professeure des universités et chroniqueuse régulière sur Xerfi Canal, a exploré comment certaines entreprises, rongées par le court-termisme et les intérêts particuliers, favorisent la promotion des individus les moins compétents. Elle explique que ce phénomène repose sur une alliance tacite entre incompétence et complaisance : des dirigeants sans vision stratégique privilégient des collaborateurs dociles plutôt que talentueux, afin de préserver leur propre position.
Quand la kakistocratie devient politique
Hélas, nous voilà face ) la menace kakistocratique en politique. Des auteurs comme Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France et auteur du livre La Légitimité démocratique et précédemment du Le Siècle des populismes, remettent en question les fondements d’une démocratie où les choix électoraux reposent sur des citoyens souvent mal informés. Rosanvallon nous met en garde contre les dérives d’un système qui privilégie l’apparence de représentation au détriment de la compétence et d’un débat public de qualité.
L'illustration française : une médiocrité orchestrée
Qu'il s'agisse de politiques publiques déconnectées des réalités, de décisions absurdes ou de scandales répétés, les exemples abondent. Le système éducatif, longtemps fleuron de la République, forme trop souvent des élites déconnectées ou des générations désabusées. Pendant ce temps, les hautes sphères politiques voient fleurir des démagogues accompagnés de profils sans expérience notable, mais armés d’un entregent implacable.
Quand la complaisance se mue en système
Barth souligne un autre aspect crucial : l’institutionnalisation de l’incompétence. En France, les mécanismes de cooptation et de clientélisme se renforcent à mesure que le débat public s’affaiblit. Résultat : la médiocrité n’est plus un accident, mais une stratégie.
L'urgence d'un sursaut
La kakistocratie française n’est pas une fatalité. Mais en tolérant l'incompétence et en applaudissant l’incompétence, la démagogie, la société ne fait qu'accélérer sa propre dégringolade. Il est temps de réclamer un retour à la méritocratie, au savoir, au débat républicain et à la responsabilité collective.
Car si nous continuons ainsi, nous serons gouvernés par les pires, les plus dangereux, et les moins efficaces sans parler des risques d’atteintes à nos libertés.
Annexe : Sources
1. Isabelle Barth, La Kakistocratie ou le gouvernement des pires, éditions EMS.
2. Pierre Rosanvallon : La Légitimité démocratique , Point, ou encore le Siècle des populismes, Point
Publié le mardi 14 janvier 2025 . 3 min. 47
Les dernières vidéos
Management et RH

Les dernières vidéos
de Laurent Faibis




LES + RÉCENTES



LES INCONTOURNABLES

