Xerfi Canal a reçu Michel Volle, économiste et consultant, interviewé par Laurent Faibis.
1 - La globalisation a retardé la révolution du système productif
La transformation radicale de l’entreprise industrielle sous l’effet de l’informatisation est un thème cher à Michel Volle. Lors de son entretien avec Laurent Faibis, le président de Xerfi, l’économiste et statisticien a en particulier insisté sur :
- La vision dépassée des hommes politiques d’une usine avec des milliers d’ouvriers alors que l’entreprise industrielle d’aujourd’hui est totalement automatisée;
- La conjonction dans les années 1970 de la crise pétrolière, de la transformation des relations entre l’entreprise et ses salariés mais aussi de l’informatique, devenue moyen de production, qui a permis d’automatiser les tâches répétitives de l’entreprise ;
- L’avènement d’Internet dans les années 1990, conjuguée à l’informatique, a favorisé la globalisation en annulant la sensation de distance physique;
- Le phénomène de délocalisation a retardé l’informatisation des usines en permettant aux pays émergents, grâce au faible coût de leur main-d’œuvre, de redynamiser des techniques jugées obsolètes dans les pays avancés;
- La globalisation, y compris du secteur de la finance, a freiné la migration des pays riches vers le système technique contemporain malgré tout massif.
2 - Vers une industrie-servicielle
Avec le phénomène de déterritorialisation de la production, on ne sait plus où sont fabriqués les produits. Partant de ce constat, l’économiste Michel Volle a développé les points suivants lors de son entretien avec Laurent Faibis, le président de Xerfi :
- Les produits sont devenus des assemblages de biens et de services à l’image de l’automobile;
- L’impossibilité désormais de séparer un produit de ses services utiles grâce au système d’informatisation;
- L’avènement de l’industrie servicielle suppose de réunir un ensemble de compétences difficiles à assurer par une seule entreprise, ce qui a pour conséquence de découper la production, devenue très coûteuse, entre plusieurs partenaires;
- Le retour des réflexions des années 1920 sur la qualité des produits, et du design en particulier, du produit symbole du statut social (aujourd’hui l’Ipad, hier l’auto);
- L’ubiquité comme caractéristique commune de ces produits symboles du statut social.
3 - Le rôle stratégique des assembleurs
L’avènement de l’industrie servicielle, dans laquelle un bien ne peut se dissocier de ses effets utiles, a plusieurs conséquences. Lors de son entretien avec Laurent Faibis, le président de Xerfi, l’économiste Michel Volle revient sur certaines d’entre elles:
- Le système d’informatisation permet l’assemblage des biens et services mais aussi des partenaires;
- Le système d’informatisation assure le maintien de la coopération des partenaires en permettant le partage des coûts et des recettes entre eux, même s’il est vrai que le sous-traitant est mis en esclavage par la grande distribution ;
- L’entrepreneur de demain est sans doute le coordinateur ou l’assembleur (en lieu et place du donneur d’ordre) et le risk sharing partner la règle, comme le montre l’exemple du train d’atterrissage réalisé par le sous-traitant de l’avionneur ;
- Le chômage et le creusement des écarts de revenus sont le signe d’un déséquilibre entre la base physique et son système technique alors qu’il y a des emplois dans la conception, l’organisation et la production mais aussi dans les services destinés à assurer l’adéquation du produit avec ses effets utiles ;
- Partir du constat de l’automatisation des tâches répétitives pour regarder d’abord les conditions de l’informatisation (logiciels, réseaux…) de l’entreprise et ensuite du côté de son organisation ;
- Conseiller aux hommes politiques et aux économistes de faire un stage de longue durée dans une entreprise manufacturière.
Michel Volle, réindustrialiser la France par l'informatisation et l'automatisation, une vidéo Xerfi Canal.
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