Les nouveaux challenges des acteurs de la restauration collective

La pandémie de la COVID-19 a provoqué une véritable onde de choc sur les sociétés de restauration collective ou SRC. Les trois leaders Sodexo, Elior Group et Compass Group ont annoncé des baisses de chiffres d’affaires consolidés comprises entre 12% et 20% au cours de leur exercice 2019-2020. Or, l’activité de ces trois géants représente les deux tiers du marché français de la restauration collective. Les acteurs du catering aérien, eux, sont en grandes difficultés. Ce repli est d’autant plus exceptionnel que ce secteur se révèle structurellement solide, porté par des moteurs forts tels que l’évolution favorable des populations qui travaillent, résident, étudient ou voyagent dans les établissements et à bord des moyens de transport dont les restaurants sont en gestion concédée. En dépit de ces fondamentaux solides, le retour à la normale n’est envisagé sur aucun segment de marché au cours de l’exercice 2020-2021 selon l’étude Xerfi-Precepta en raison de trop fortes incertitudes sur l’évolution de la situation sanitaire en France et dans le monde. Les SRC seront en outre confrontées à d’importantes dégradations des conditions de marché comme des difficultés pour conquérir de nouveaux clients et en fidéliser certains.

Si l’activité des SRC est impactée par la crise, elle l’est également par des mutations à l’œuvre sur les marchés clients, qui impliquent des acteurs une réinvention de leurs offres, voire de leurs business models. Citons d’abord l’essor du télétravail vis-à-vis duquel les SRC vont devoir innover sur plusieurs fronts en réinventant les cantines d’entreprises et en déployant de nouvelles offres de restauration pour les télétravailleurs. En d’autres termes, les SRC vont devoir offrir des alternatives aux salariés, développer des offres individualisables et multimodales. Par ailleurs, les SRC sont confrontées à la montée en puissance de l’hospitalisation à domicile et de la prise en charge des personnes âgées à domicile. Un marché sur lequel les SRC vont devoir renforcer leur expertise. La crise soulève également la question d’une potentielle évolution des modes d’enseignement et de leur impact sur la restauration des élèves et étudiants tandis que les cours à distance ont été la norme lors du premier confinement et lors du 2e confinement pour les étudiants du supérieur.

Dans un tel contexte de crise, les organisations recherchent un juste équilibre entre le maintien des investissements nécessaires à l’adaptation des offres et les plans d’économies nécessaires à la sauvegarde de la rentabilité. Si des choix décisifs s’imposent, ils ne devraient pas remettre en cause à moyen terme le leadership des trois groupes de tête et l’ordre établi entre ces trois acteurs qui dominent encore très largement le marché français. Les trois groupes ont réaffirmé leur solidité financière et leur capacité à se redresser après un exercice 2020 hors norme en dépit des plans sociaux annoncés par Sodexo et Elior Group. Derrière les trois leaders opèrent également une poignée de challengers et suiveurs. Ces derniers devraient un temps stopper leurs opérations de croissance externe et privilégier des rapprochements moins gourmands en capitaux comme l’alliance aux achats annoncée par Convivio et Mille et Un Repas fin 2020.

Preuve que la crise pousse les SRC à redoubler d’imagination et de combativité pour éviter un collapsus généralisé.