Les stratégies des acteurs de la proximité sur le marché de l’alimentaire

Dans ce contexte, quels circuits sortiront gagnants des évolutions en cours ? Les enseignes d’épiceries et de supérettes des GSA sont particulièrement exposées à la concurrence. Aujourd’hui, les leaders Casino, Carrefour, Francap Distribution et Système U cumulent ensemble une quarantaine d’enseignes et 14 000 points de vente dans l’Hexagone. Reste à connaitre la capacité du marché à absorber toujours davantage de surfaces commerciales, compte tenu des objectifs de croissance ambitieux des GSA dans le commerce de proximité. Surtout que les consommateurs plébiscitent le commerce indépendant et, en particulier les primeurs, boulangeries-pâtisseries et marchés alimentaires. Par ailleurs, les groupements d’indépendants spécialisés dans le bio ont encore une marge de progression en ville. Tandis que les enseignes d’épicerie en vrac devraient continuer à essaimer. Quant aux réseaux multifrais, ils pourraient bien s’installer au cœur des villes.

En somme, alors que le modèle originel des grandes surfaces alimentaires a atteint ses limites, l’histoire pourrait bien se répéter pour les formats de proximité des groupes de la grande distribution alimentaire. En réalité, la course aux parts de marché s’est déplacée. Elle passe par la « proximité physique » (soit l’ouverture de magasins) mais aussi par le e-commerce pour imaginer de nouveaux formats de proximité. Certains dispositifs s’inscrivent dans une logique omnicanale comme le déploiement du click & collect dans les épiceries et supérettes, la digitalisation des magasins de proximité ou encore la mise en place de services de livraison pour toucher davantage de consommateurs, citadins ou non. Mais d’autres se veulent de véritables alternatives sur un marché déjà saturé comme l’ouverture de drives piéton. Le digital favorise en outre les plateformes de circuits courts et de livraison. Le numérique rebat également les cartes de la concurrence. Des rapprochements — hier inconcevables — se multiplient entre circuits traditionnels ou entre distributeurs traditionnels et acteurs du web. Des alliances à l’issue très incertaines pour les acteurs traditionnels sur le plan de la relation client et de la dépendance économique...