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Etes-vous certain, lorsque vous participez à une session sur zoom de n’être pas en train de faire une séance de spiritisme ? Etes-vous sûr qu’en consultant l’écran de votre iPhone vous n’êtes pas involontairement entrés dans une expérience de réalité virtuelle ? L’entrepreneur Elon Musk reconnaissait il y a peu qu’il est difficile de répondre à ces questions dans la mesure où précisément les jeux vidéo, par exemple, se distinguent de moins en moins de la réalité, au point qu’il n’est pas impossible de penser que nous soyons nous-mêmes des Sims, du nom de ce jeu permettant de créer un ego virtuel. C’est-à-dire des êtres figurant dans un programme informatique.


Cet argument donnerait donc de la consistance à l’hypothèse de la simulation, qui sous-entend que notre vie dépendrait en fait d’un programme immersif et interactif. Cet argument qui s’appuie notamment sur l’idée que les choses virtuelles ne sont pas moins réelles que les choses que nous côtoyons au quotidien. Et qui considère que la réalité virtuelle n’est pas constituée de rêveries ou de méprises dans la mesure où ce qui s’y passe, s’y passe réellement.


La nuance ici se situe entre Matrix, le film de Lana et Lilly Wachowski, et le Metavers : dans le projet de Marc Zuckerberg chaque utilisateur, chaque utilisatrice, peut entrer et sortir comme bon lui semble. Alors que les êtres qui sont dans la Matrice y ont passé toute leur vie. Dans un cas le Metavers est une nouvelle réalité, dans laquelle on entre et on sort comme lorsque nous décidons dans le monde physique de changer d’endroit pour s’offrir des vacances, mais dans l’autre, la Matrice donc, il se peut que la seule réalité soit la fiction dans laquelle des personnages se meuvent sans le savoir, comme c’est peut-être, ici et maintenant, notre cas.


Cette hypothèse selon laquelle nous sommes incapables de prouver que nous sommes tous dans une simulation,  c’est celle que présente dans son ouvrage non-traduit en français Reality+ David Chalmers. Chalmers est un très influent philosophe australien, professeur à NYU, qui s’intéresse en particulier à la philosophie de l’esprit et du langage, dans une veine assez éloignée des philosophes continentaux généralement cités dans mes propos. Influent notamment du fait de sa visibilité médiatique dans le monde anglo-américain : il suffit de consulter son site personnel consc.net/reality pour découvrir de multiples vidéos, podcasts ou articles dans lesquels il étaye ses thèses d’une manière pédagogique, et à ce titre, assez réjouissante. Il y prétend que bientôt la réalité virtuelle pourrait devenir indiscernable de la réalité physique, d’où la nécessité de la méthode « techno-philosophique » qui questionne les nouvelles technologies, notamment sur le plan éthique, et qui montre aussi comment ces technologies nous permettent de réinterroger à leur tour les grandes questions de la philosophie.


Par exemple : qu’en est-il de la réalité proprement dite, dans un monde dont on a des raisons objectives de penser qu’il s’agit d’une simulation ? Les systèmes informatiques peuvent-ils être conscients ? La réalité augmentée accroît-t-elle véritablement la réalité ? La réalité enfin, de quoi s’agit-il vraiment ? Chalmers de donner quelques critères comme le pouvoir de causalité et le caractère non-illusoire qui ne font que poursuivre des débats philosophiques qui remontent au moins au philosophie chinois Zhuangzi qui vivait trois cents ans avant notre ère : celui-ci fit un rêve, il rêva qu’il était un papillon puis se réveilla et se souvint qu’il était bien Zhuangzi. Mais un doute persistait néanmoins : était-il Zhuangzi ayant rêvé d’être papillon ou un papillon qui avait rêvé d’être Zhuangzi ? Est-ce la vie du papillon ou celle du philosophe qui est réelle, c’est là une question que la virtual reality ne fait que reposer à nouveaux frais.


Au fond, si nous sommes ancrés sans le savoir dans une simulation matricielle, cela ne doit pas nous empêcher de poursuivre nos recherches en matière de réalité virtuelle afin peut-être d’en découvrir tous les secrets. Ce qui ne paraît pas dénué de sens dans un monde où la réalité est sans cesse attaquée, confrontée à la post-vérité ou au deepfake. Cette recherche pourrait aussi nous porter jusqu’à une possible de fin de l’histoire au sens du philosophe Hegel, comme indique Chalmers, dans laquelle « le monde évolue jusqu'au moment où il prend conscience de sa nature, ce qui constitue le point final de l'histoire. (…) Peut-être que les simulateurs étudient ce que nous savons » indique-t-il encore, « et mettront fin à la simulation lorsque nous prendrons conscience que nous sommes dans une simulation » (p. 141).


Une tout autre voie pour nous réconcilier avec la réalité serait d’en retrouver la trace dans notre affectivité profonde dont la réalité, elle, est indubitable. J’ai soif, j’ai faim, j’aime etc..  Affects qui n’ont pas de réalité objective ou même visible mais dans lesquels les vivants s’éprouvent eux-mêmes de manière absolument certaine. Chalmers semble en convenir lui-même, sans forcément en avoir conscience, lorsqu’il dédicace le livre à sa compagne Claudia qui, dit-il, « préfère la réalité non virtuelle ». Avant d’ajouter enfin, en nous révélant ainsi le lieu même de réalité des choses, que ce livre lui est en fait adressé, « avec amour » (p. 466).


Publié le mardi 8 novembre 2022 . 5 min. 02

D'APRÈS LE LIVRE :

Reality+: Virtual Worlds and the Problems of Philosophy

Reality+: Virtual Worlds and the Problems of Philosophy

Auteur : David J Chalmers
Date de parution : 25/01/2022
Éditeur : W. W. Norton & Company
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