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Connaissez-vous la « défense Pikachu « ? Du nom du célèbre Pokemon ? Si vous êtes familiers de Wikipedia, certainement, car c’est de cette vaste encyclopédie fondée sur le partage gratuit des connaissances que vient l’expression.


La défense Pikachu ? Elle désigne ce qu’on pourrait appeler une « argumentation faible », et se ranger dans la catégorie des sophismes, c’est-à-dire un argument faux qui a une apparence de vérité. La défense Pikachu est utilisée pour mettre en cause le refus d’un article par Wikipedia au motif qu’il y a des articles déjà en ligne de niveau analogue voire inférieur.  « Puisqu’il existe un article sur Pikachu, sujet considéré comme particulièrement dérisoire, l’article que je défends n’a aucune raison d’être retoqué ». L’encyclopédie Wikipedia précise avec humour que cette défense Pikachu aurait pu être appelée « défense Nabilla » ou encore défense « Mickaël Vendetta » pour des raisons que je ne détaillerai pas, mais facilement compréhensibles.


La défense Picachu n’est pas efficace, elle rejoint en cela d’autres types d’argumentation trop faibles pour être convaincantes et qui consistent à détourner le propos en évoquant un tout autre sujet, ou bien en s’en prenant à la personne elle-même pour ne pas répondre à ses arguments. Ce type de détournement est désigné sous le nom de « Whataboutim » de l’expression anglaise « What about ? ». Cette façon de faire est identifiée tout au long de l’histoire. Elle a particulièrement été mobilisée pendant la période de la Guerre Froide par l’URSS. Donald Trump est champion de Whataboutism. On trouve comme exemples : « Eviter de patler de  l’incendie de Notre Dame en évoquant les incendies de forêt en Amazonie », ou « Comment reprocher des actes de violence à un jeune des banlieues alors que des ministres sont corrompus ? »  …


Ces façons de détourner l’attention pour ne pas répondre aux arguments par de véritables contre-arguments a été théorisée dans la loi de Godwin, du nom de son inventeur, Mike Godwin, en 1990, issue de son observation des échanges sur Internet. Elle s’énonce de la façon suivante : « Plus une discussion en ligne dure, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazi ou Adolphe Hitler s’approche de 1 ». Autrement dit, plus un débat s’éternise, plus on risque de le voir dériver vers des sujets de plus en plus généraux et polémiques. C’est le moment où on sait qu’on ne pourra plus rien tirer de l’échange, on appelle ce moment le « point Goldwin ». Une forme de point de non-retour. En effet, au-delà, de ce point nul argument ne peut être valable. Il faut alors mettre fin à la discussion ou bien recentrer le débat s’il y a un tiers modérateur.


La défense Pikachu, le Whataboutism, ou encore le point de Godwin sont les étages inférieurs de la pyramide de Graham. Cette pyramide présente en effet de façon hiérarchisée les différentes modalités d’argumentation.


Nous voyons que les deux tactiques décrites s’inscrivent dans les 4 premiers segments en partant du bas : l’insulte, les attaques personnelles, les attaques sur la forme et la contradiction sans argumentaire. Il reste trois étages à parcourir : la contradiction avec argument, la réfutation de l’argument  et enfin, dernier niveau : la réfutation du point principal.


Nous pouvons aussi observer avec modestie et regret que les 4 premiers échelons sont plus souvent mobilisés que les trois suivants.


La prochaine fois que vous aurez une discussion, plus ou moins véhémente, essayez de vous hisser vers le haut de la pyramide. Sans avoir étudié les arguments de votre adversaire et préparer une défense solide, dites-vous bien que Pikachu vous sera d’un faible soutien.


Publié le mercredi 22 janvier 2020 . 4 min. 27

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