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Le système scolaire en France et plus généralement nos modes d’’évaluation en entreprise tendent à marquer au fer rouge nos erreurs, nos échecs, là où le système anglo-saxon y voit en premier lieu, une source d’apprentissages. Redoubler, échouer à un examen, ne pas avoir le poste convoité ou faire faillite seraient alors considérées en France, comme la marque d’une sanction liée à l’absence de résultats à ou un manque de compétence, empêchant la progression de l’individu vers le chemin de la satisfaction. L’échec est donc souvent marqué par le sceau de la culpabilité, entrainant chez l’individu concerné, de la déception qui peut le freiner dans sa progression personnelle et professionnelle.


Or cette conception de l’échec apparaît, à bien des égards, réductrice et même par certains côtés erronée. Car l’échec, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’est pas une sanction objective et froide de ce que l’on est, et de ce que l’on vaut. Elle est à un moment donné, l’expression d’une situation, d’un contexte et d’une combinaison d’actions et de comportements qui produisent des résultats différents de ceux escomptés. Elle n’est pas donc l’aboutissement d’un parcours, mais une étape parmi d’autres dans la compréhension de ce que l’on est et dans la manière dont on doit penser et agir au sein de son environnement, pour mieux l’apprivoiser et le dominer.


L’échec doit donc se voir comme une leçon de vie, qui passe par une meilleure compréhension de ses émotions, en cherchant à donner du sens aux événements et aux actions, pour nous ouvrir à d’autres expériences, à d’autres pratiques, à d’autres conduites. Ceci n’est pas sans rappeler la célèbre citation du romancier irlandais Samuel Becket, : «Ever Tried. Ever Failed. No Matter. Try again. Fail again. Fail better.» Que l’on peut traduire ainsi : Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux.».


Philosophie de vie ô combien riche de sens, qui est inscrite sur le bras gauche du joueur Suisse Stan Wawrinka, ancien numéro 3 mondial, qui fut un travailleur forcené malgré ses défaites avant de devenir ce conquérant qui gagna à partir de ses 29 ans, trois titres du grand chelem, en battant au moins à chaque fois contre l’un des trois grands de la discipline, à chaque fois en finale : Roger Federer, Raphael Nadal, Novak Djokovic.


En nous trompant, en échouant, nous manifestons notre vérité d’homme. Nous apprenons sur nous-même, sur notre manière d’être, d’agir et de se comporter face aux injustices, à la malchance, à nos propres faiblesses ou aux trahisons inhérentes à toute relation sociale.


Nous explorons également notre liberté de nous tromper, de nous corriger et donc de progresser professionnellement et humainement. Echouer, c’est en effet mesurer notre capacité à apprendre de nos erreurs, à saisir nos réactions négatives et celles des autres…pour mieux les surmonter. Accepter d’échouer, c’est aussi refuser de s’en remettre à la providence, c’est admettre qu’une expérience négative est source d’enrichissement et d’enseignement. Faire l’expérience de l’échec, c’est aussi surmonter ses craintes et ses peurs, et prendre conscience de notre capacité de résilience qui peut s’avérer parfois plus forte que l’adversité. C’est aussi se libérer du regard des autres, et de leurs jugements.


L’échec est donc ce qui permet de gagner en humilité et authenticité, seule façon de véritablement comprendre ses émotions et celles des autres. C’est aussi faire preuve d’audace, par-delà nos certitudes, en acceptant de connaître la peur, le questionnement pour en faire un moteur de sa propre vie, une aventure personnelle et unique.


Publié le jeudi 30 mars 2023 . 4 min. 24

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