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Comprendre la destruction créatrice

Publié le lundi 13 mai 2019 . 4 min. 28

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La notion de destruction créatrice est inséparable du processus d’innovation technologique permanent du capitalisme. Ce mouvement s’accélère sous nos yeux avec l’automatisation et la digitalisation massive de la production de biens et services : des activités sont balayées, alors que de nouvelles émergent. Cela entraine dans le même mouvement l’affaiblissement voire la disparition d’entreprises auparavant prospères, alors que s’imposent de nouveaux opérateurs. On pense bien entendu à des firmes comme Google ou Amazon qui ont révolutionné des pans entiers de l’économie occidentale, mais aussi à de multiples acteurs de toutes tailles qui révolutionnent un nombre croissant de secteurs.

Avec l’essor des smartphones, de l’intelligence artificielle, des objets connectés ou encore de la blockchain, tout est bouleversé sous nos yeux : les produits et services, leurs usages, leur fabrication, leur distribution, les modèles d’affaires. Il faut également penser aux chaînes de valeur mondiales et aux flux logistiques pilotés par internet. Ces changements affectent bien entendu la structure des économies nationales et à l’autre bout de la chaîne le marché du travail : des emplois sont détruits, d’autres créés. De même, est profondément modifiée la grille des qualifications et des salaires, provoquant son lot de déséquilibres, de désarrois, de déstabilisation sociale. On voit bien là que l’on pourrait renverser la notion et parler de « création destructrice ».

C’est à l’économiste autrichien Joseph Aloys Schumpeter, nommé professeur à l’Université de Harvard à la fin des années 1920, que l’on doit la formulation de cette destruction créatrice. Il retient cette notion désormais passée à la postérité dans un essai publié en 1942 et intitulé Capitalisme, socialisme et démocratie. Dans sa conception du capitalisme, c’est l’entrepreneur qui est au centre de la dynamique de croissance et du cycle économique. Mais l’entrepreneur schumpetérien n’est pas un chef d’entreprise qu’il assimile à un simple gestionnaire. Non, c’est un aventurier qui change les règles du jeu à son avantage, en provoquant des ruptures grâce à son innovation qu’elle soit technologique, productive, commerciale ou organisationnelle. C’est une sorte de révolutionnaire qui veut tenter de bouleverser son marché et balayer les forces en présence. On pense bien sûr à Steve Jobs, à Bill Gates, Jeff Bezos ou Elon Musk.

Si dans un système capitaliste la recherche du profit demeure la principale règle du jeu, ce qui pousse avant tout ces entrepreneurs à prendre des risques et à innover ce serait donc plutôt un goût inné de la transgression de l’ordre établi et de l’aventure. Cela suppose la mise en œuvre d’un avantage concurrentiel décisif, ce que Schumpeter appelle la « rente entrepreneuriale ». Les innovateurs qui réussissent bénéficient en effet d’un leadership, voire d’une rente de monopole, qui leur donne une force de frappe décisive pour transformer un marché et capter la valeur. Dans le domaine de la musique, les plateformes de streaming ont pris la place des spécialistes du téléchargement qui avaient eux-mêmes fait tomber de leur piédestal les éditeurs de CD. Mais la bagarre pour le marché du streaming est loin d’être stabilisée !

D’ailleurs, l’atout de l’innovateur peut n’être que transitoire. De nouveaux entrants, voire des firmes en place vont chercher par tous les moyens à combler leur retard pour obtenir eux aussi leur part du gâteau. On peut penser à la bataille en cours sur le véhicule électrique. Aucune forteresse n’est imprenable et aucun mur ne protège véritablement la rente de l’entrepreneur qui pourra tôt ou tard être amené à la partager, voire à disparaître à son tour.

Insistons sur ce point : l’accélération des innovations provoque de véritables révolutions économiques et sociales, provoquant des remises en cause de compétences et de positions que l’on croyait acquises. Les hiérarchies sociales sont également modifiées, et les revenus qui vont avec. On peut l’illustrer avec cette phrase si pertinente du philosophe italien Gramsci, qui dans les années 1920 écrivait déjà que « lorsque le vieux monde se meurt et que le nouveau monde tarde à apparaître, dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».


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