La crise du Covid-19 a donné un véritable coup d’accélérateur aux marchés de la téléconsultation en France. Fin avril, ce sont plus de 25% des consultations qui ont été réalisées à distance. Et près de la moitié des médecins libéraux qui s’étaient convertis à la pratique, contre 2% début mars. De leur côté, les plateformes privées, Doctolib en tête, ont rallié les deux-tiers des nouveaux médecins téléconsultants, selon l’étude Xerfi-Precepta. Bref, la rupture a été brutale. Une rupture, il est vrai, favorisée par une série de mesures pour assouplir le remboursement de la téléconsultation afin d’accompagner la population pendant le confinement. Résultat : le nombre d’actes remboursés a été multiplié par 100 en quelques semaines pour atteindre le record de 1 million au pic de l’épidémie. Et les perspectives s’annoncent prometteuses. Déjà, les premiers retours d’expérience montrent que la pratique devrait s’inscrire dans la durée chez les médecins et les patients.
Dans ce nouveau contexte, les cartes du jeu concurrentiel vont être rebattues. En avril 2020, plus de 200 solutions se disputaient le marché des services de téléconsultation et téléconseil médical en France, dont environ 50 start-up spécialisées en quête de financements. Certaines de ces jeunes pousses ont déjà des moyens financiers importants grâce à des prises de participation de grands groupes. Des grands groupes qui mènent d’ailleurs le jeu concurrentiel. Ils viennent d’horizons variés car ce sont aussi bien des spécialistes étrangers, que des éditeurs de logiciels santé, des géants de l’assurance ou encore des groupes d’établissements privés. La téléconsultation est de fait stratégique pour faire évoluer une multitude de métiers à la croisée des pratiques des praticiens et des parcours de soins des patients.
Mais attention, cette hypercroissance du marché n’est pas sans risques. Les quelque 200 fournisseurs de solutions sont en effet passés d’une situation de sous-usage à celle de gestion des débordements. Dans le même temps, ils doivent faire des choix structurels dans un environnement nouveau et encore instable. Alors, c’est vrai : une fenêtre hors normes s’est ouverte pour le recrutement d’utilisateurs, qui a d’ailleurs confirmé la force de frappe de Doctolib. Mais apportons quelques nuances. D’abord, les deux grandes logiques qui s’affrontent – intermédiation versus services à la demande – s’appuient sur des ressorts différents. Ensuite, la percée de modèles autogérés par les acteurs de santé et de solutions intégrées élaborées par des start-up va recomposer le jeu concurrentiel. Dit autrement, le marché a explosé… mais la messe n’est pas encore dite.
Publié le lundi 29 juin 2020 . 2 min. 51
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