Les nouveaux défis de la filière emballage

La pandémie de Covid-19 a créé une situation ambivalente pour la filière emballage selon l’étude Xerfi-Precepta. Elle a d’abord été à l’origine d’un effondrement de l’offre et de la consommation avec d’immenses effets collatéraux sur l’ensemble de la supply chain. Et, au sortir d’une année 2019 déjà difficile, les fabricants de conditionnements sont en première ligne et doivent répondre à de multiples défis, en particulier pour adapter leurs process face à une demande évoluant presque au jour le jour pour accompagner le retour très progressif à la normale de l’économie française. Mais cette crise sanitaire réaffirme également le besoin de protection des produits emballés et place plus que jamais l’emballage comme un maillon essentiel du bon fonctionnement des chaînes logistiques. Cette crise sanitaire a même réaffirmé — au moins temporairement — le rôle crucial de la filière plastique. Elle pourrait aussi contribuer à redorer le blason d’une profession régulièrement critiquée pour son impact environnemental et devant composer avec des budgets clients de plus en plus contraints.

Déjà, les industriels avancent leurs pions, à l’image des spécialistes des emballages plastiques qui semblent avoir trouvé une planche de salut grâce au biosourcé, à l’exemple du consortium mis en place en 2017 entre Carrefour, LSDH, SGT, PDG Plastiques et Paprec pour mettre au point une bouteille de lait en PET opaque recyclé. Les fabricants continuent aussi à investir pour verdir leur offre, alors que les industries clientes se sont engagées à réduire leur empreinte écologique et que les ménages eux-mêmes se montrent préoccupés par la question des emballages et adhérent de façon graduelle aux gestes écoresponsables. À cela s’ajoute la concurrence croissante des conditionnements importés, faute d’offre adaptée au niveau national. Leur taux de pénétration a augmenté de 5 points entre 2011 et 2019 pour s’élever à plus de 31% du marché en valeur. Entre une image dégradée, la volonté des clients d’optimiser les coûts de conditionnement ou encore la concurrence de solutions de substitution, les acteurs français du conditionnement s’exposent à de futures difficultés, aussi bien pour imposer leur offre que pour défendre leurs prix.

En parallèle, de grandes sociétés de private equity comme Apollo et des gestionnaires d’actifs tels The Vanguard militent pour une consolidation de l’industrie mondiale. Ils orchestrent pour cela un mouvement de fusions-acquisitions afin de créer des géants mondiaux spécialisés par grand domaine d’activité. Dernier exemple en date, la business unit « Food & Specialty » d’Ardagh a fusionné en 2019 avec Exal Corporation (principalement positionné dans l’alimentaire et la beauté-santé) pour donner naissance à Trivium Packaging. De nouveaux investisseurs sont également entrés au capital de plusieurs fabricants français d’emballage de taille intermédiaire tels Nutripack ou Packing. Des opérations financières qui visent à les faire changer d’échelle tout en adaptant leur offre aux nouveaux enjeux du secteur. Je parle ici de la personnalisation de l’offre, du smart packaging et du green packaging. Trois pistes d’investissement incontournables pour les industriels qui leur permettront de conserver leur rang alors qu’une reconfiguration du marché mondial se précise…