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Quatre pistes pour éduquer nos dirigeants à l’incertitude

Publié le mardi 18 avril 2023 . 4 min. 56

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L’inflation, l’invasion de l’Ukraine, et avant elles la pandémie commencée en 2020, ont remis l’incertitude au premier rang des préoccupations. Et pourtant, très peu de nos dirigeants sont familiers de cette notion. L’incertitude, en effet, ce n’est pas le risque, bien que les deux soient souvent confondus. Le risque caractérise les situations répétées à l’identique. C’est par exemple le cas des accidents de voiture pour les assureurs. C’est le domaine où prévaut une logique statistique d’utilisation de modèles mentaux éprouvés par le temps. Le paradigme est prédictif, concevant la décision comme choix parmi des options possibles. L’incertitude caractérise, elle, les situations complexes et inédites. Le paradigme est créatif : c’est celui de la décision comme la création de nouveaux modèles.


Bien que le monde soit majoritairement marqué par l’incertitude, les outils et concepts de décision sont cependant ceux du risque, c’est à dire qu’ils reposent sur la prédiction et supposent la continuité. Ce décalage conduit à des erreurs de prédiction aux conséquences catastrophiques, et il explique le désarroi des dirigeants face à des ruptures qu’ils ne peuvent comprendre avec leurs anciens modèles mentaux. C’est un défi culturel, et c’est donc l’éducation qui doit le relever.


On peut pour cela proposer quatre pistes.


Premièrement, abandonner le paradigme prédictif : Le parcours éducatif est intégralement bâti sur un paradigme prédictif. Il exige des étudiants qu’ils aient un projet professionnel bien arrêté. Cette réalité institutionnelle continue dans leur vie professionnelle : exigence d’un plan d’affaires pour entreprendre, d’un budget prévisionnel au sein de l’organisation, d’un programme détaillé pour un candidat à l’élection présidentielle, d’une vision pour un dirigeant d’entreprise, etc. L’enseignement doit absolument souligner les limites de ces exercices et imprimer le caractère non prédictible de l’avenir.


Deuxièmement, éduquer au complexe : Nous formons nos enfants à la pensée analytique, c’est-à-dire de découpage d’un problème en sous-problèmes. Nous leur transmettons ainsi l’idée que rien ne résiste à une analyse pour peu qu’on s’en donne les moyens. Dans un monde complexe, cette approche ne fonctionne pourtant pas car les problèmes s’entremêlent. Un sous-problème peut-être plus complexe encore ! Comme le remarquait Charles de Gaulle, l’éducation doit donner « l’aptitude à la synthèse », l’habitude des idées générales, la notion des rapports mutuels des choses qui éclairent les degrés les plus élevés de l’action, la capacité à prendre des décisions qui ne seront pas des décisions de détail au détriment des ensembles.


Troisièmement, développer la modestie épistémique : L’enseignement se focalise en général sur des questions bien formalisées. Au travers de cette logique positiviste, nous formons des experts assis sur une base de connaissance formelle. Il en résulte une confiance excessive en son socle de savoir statique que l’incertitude remet pourtant en question. Face à la complexité et à l’incertitude, c’est au contraire la modestie épistémique de Montaigne qui devrait s’enseigner.


Quatrièmement, ancrer l’enseignement dans l’avenir : Notre système éducatif forme avant tout à la connaissance du passé. Dans un monde qui change, on devrait plutôt former nos dirigeants à se confronter au nouveau, et à croire qu’on peut changer le monde. C’est ce que soulignait Paul Valéry quand il écrivait à propos de l’enseignement : « … il s’agit de faire de vous des hommes prêts à affronter ce qui n’a jamais été. »


Abandonner le paradigme prédictif, éduquer au complexe, développer la modestie épistémique et ancrer l’enseignement dans l’avenir, voilà donc quatre pistes qui, si elles ne résolvent pas tout, forment la base d’une culture de l’incertitude.


À l’heure où les défis se multiplient – épidémie, guerre, pénuries, jamais le développement de cette culture n’a été aussi important. Les pistes évoquées ici ne sont que quelques-unes parmi d’autres, mais elles soulignent la nécessité de revoir l’épistémologie sur laquelle notre enseignement, qu’il soit primaire, secondaire ou supérieur, est fondé. Cette révision est indispensable si l’on veut que nos dirigeants puissent répondre aux défis du siècle.


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