La corruption est définie comme l’utilisation illégitime d’un pouvoir conféré par une organisation publique ou privée en vue d’obtenir des gains privés individuels. Elle est considérée comme une pratique répréhensible et illégale, principalement parce qu’elle détournerait ou détruirait de la valeur créée par le secteur productif de l’économie, qui est, lui, composé par les entreprises. Cet argument repose sur l’hypothèse forte que les lois, normes et organisations existantes et légitimes représentent un optimum de premier ordre en tout point dans le temps.
La qualité des institutions formelles d’un pays, c’est-à-dire le cadre légal et les normes, conditionne le type d’entrepreneuriat qui s’y développe. Alors qu’une bonne qualité des institutions promouvrait l’entrepreneuriat productif, une qualité inférieure tendrait à attirer les talents vers l’entrepreneuriat improductif, voire destructif. Celui-ci prend par exemple la forme d’activités de lobbying, d’extraction de rentes, ou de corruption.
La distinction entre entrepreneuriat productif et improductif confond toutefois les comportements vis-à-vis des institutions et les résultats de l’entrepreneuriat. En effet, l’entrepreneur est toujours motivé par la recherche du profit, si bien que l’on peut évacuer la question du résultat individuel qui est quasiment toujours positif. Son comportement peut, lui, varier. Il peut se conformer aux institutions en place, essayer de les modifier via une action politique – c’est ce que l’on appelle l’entrepreneuriat institutionnel, ou bien utiliser les incohérences des institutions pour les contourner, et donc les modifier via leur action dans la sphère économique – c’est ce qui est appelé l’entrepreneuriat évasif. La question qui se pose est alors celle de sa contribution à la création globale de valeur.
Dans les pays aux institutions défaillantes, la corruption déploie souvent ses activités afin de pallier à ces déficiences, représentant ainsi un optimum de second ordre. C’est le cas notamment dans les pays émergents. En Indonésie par exemple, la corruption peut être considérée comme un type d’entrepreneuriat évasif qui contribue à la création globale de valeur dans l’économie, puisqu’elle contribue à améliorer la qualité des institutions et à encourager l’entrepreneuriat productif. Ces mécanismes pourraient inspirer les nouvelles réformes institutionnelles, faisant d’une pierre deux coups : promouvoir l’entrepreneuriat et lutter contre la corruption improductive.
Source : Hanoteau J. & Vial V. (2016) Institutions, Entrepreneurship and the mediating effect of Corruption. Séminaire Institut d’Asie Orientale, 14 Janvier 2016
Publié le mardi 05 juillet 2016 . 2 min. 55
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