Sous l'effet de la conjoncture mais aussi de la nouvelle donne technologique, le métier du capital-investissement évolue en profondeur. Autrement dit, les spécialistes font face à de nouveaux défis. Pour en parler, Xerfi Canal a reçu Arnaud Leclercq, responsable du bureau français de Gimv, qui, après plus de 33 ans d'existence, gère aujourd'hui 1.8 milliards d'euros et environ 75 entreprises en portefeuille.
Quelles conséquences la morosité économique de ces dernières années a-t-elle eu sur le paysage du capital-investissement ?
Il faut bien d'abord reconnaître que les entreprises ont moins recours aux levées de fonds, surtout en ce qui concerne le capital-risque. Soulignons aussi une exigence plus forte quant au retour sur investissement, aussi bien dans le capital-investissement que dans le capital-risque. Tout cela a conduit un certain nombre d'acteurs bien établis à réduire leurs ambitions?quand ils n'ont pas tout simplement disparu ! En fait, l'effet de levier de l'investissement ne suffit plus : tout l'enjeu des opérations de financement se situe aujourd'hui dans la capacité à créer de la valeur par l'activité.
Comment Gimv a-t-il réagi dans ce nouveau contexte où, si je vous comprends bien, il n'y a plus que de la place pour les structures les plus performantes ?
Nous avons fait le pari de la spécialisation. Nous avons donc divisé notre activité en quatre plateformes : la première pour le consumer 2020, qui est spécialisée dans les besoins et les préférences du consommateur de demain, la seconde pour la santé, une autre pour les solutions industrielles intelligentes, et enfin une pour la construction de villes durables.
Quels sont les avantages compétitifs que Gimv tire de ces plateformes de spécialisation ?
D'abord, toutes ces spécialisations s'inscrivent dans les domaines de compétences historiques de Gimv ce qui nous permet d'apporter une véritable expertise aux sociétés. Cela nous permet de constituer des hubs d'entreprises pour lesquelles des business models similaires peuvent être développés. En fait, cette organisation sectorielle permet aux dirigeants de se rencontrer et d'échanger sur les best practices, et pas seulement en matière de financement. Le conseil et l'expertise opérationnelle sont en effet des dimensions de plus en plus importantes. Il ne suffit plus de trouver des solutions de financement mais aussi tous les autres moyens qui peuvent contribuer à la croissance de l'entreprise.
Plus généralement, quelles sont les grandes tendances actuelles qui représentent des opportunités pour les spécialistes du capital-investissement comme vous ?
Déjà l'essor du numérique, qui bouleverse tout ? ça ne vous surprendra pas. Mais il y a aussi le vieillissement de la population qui va créer de nouveaux besoins, ou encore les exigences du consommateur de demain, à savoir des offres plus personnalisées, ou encore de nouvelles solutions logistiques. N'oublions pas non plus la pression sur les approvisionnements en ressources énergétiques ou alimentaires. Toutes ces tendances extrêmement porteuses pour l'innovation constituent de vraies opportunités dans tous les secteurs.
Bien sûr, la morosité économique complique la création de valeur. Mais la conjoncture ne doit pas faire perdre de vue les nombreuses opportunités qui s'offrent aux spécialistes du capital-investissement. Maintenant, reste à être proactif? On vient de voir qu'il pouvait en aller de leur survie dans un contexte économique morose.
Arnaud Leclercq, Les nouveaux défis du capital-investissement, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mercredi 12 février 2014 . 4 min. 38
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